mardi 27 décembre 2016

Remplacer les images de soi par l’existence de soi


Depuis que nous sommes tout jeune, nous avons été amenés à adopter certains types de comportements. On nous a dit ce qui est bien ou mal et on nous a dictée comment se comporter en société. On a essayé, pour le bien collectif ou pour toutes autres raisons de nous forger comme de bons citoyens, de bons enfants, de bons élèves ou amis, de bons adultes.

Tous ces conditionnements furent certes utiles pour maintenir un certain ordre familial ou social, mais du même coup, la façon de nous voir a été conditionnée par tout ceci. Comme si ce que nous sommes devait constamment respecter ce qui est admis, reconnu, valorisé. Ceci a eu pour effet de teinter la façon de se voir, de créer des images de soi figées, en référence et déformées. Toute image de soi est en partie un reflet de cette société intériorisée, une société qui a su s’incorporer dans notre interprétation mentale de ce que nous sommes et devons être. 

Et puis, il y a eu aussi toutes les comparaisons entre les personnes. Les jugements, les descriptions, les qualités et les défauts des autres ont teinté pour plusieurs les façons qu’elles ont eues de se voir et de se construire des personnalités en référence.

Tu es gentil, tu es belle, tu es stupide, tu es gros ou grosse, tu n’es pas intéressant, tu es brillante, tu es mieux ou moins bien que telle autre personne, tu es un incapable, ton frère est plus habile que toi, tu n’as pas ou tu as tous les talents, tu ne réussiras jamais dans la vie, car tu es trop bête, tu viens d’une famille reconnue et tu dois agir pour conserver sa réputation, tu fais partie d’un groupe sélect de la société, etc.

À plusieurs moments de notre vie, il est possible que nous ayons également coopéré à fabriquer des images erronées de nous en nous comparant avec les autres ou avec ce que nous devrions être. Nous avons été les complices de la construction de ces évaluations en émettant des jugements sur ce que nous croyons être. Comme si cette façon de faire était tout à fait normale et que nous pouvions nous-mêmes l’utiliser contre nous-mêmes. Même le langage, les mots que nous utilisons parfois sont chargés des images de soi qui tentent de nous décrire.

Je ne serai jamais capable, je ne suis pas bon dans ceci, je n’ai aucun talent dans cela, on m’a toujours dit que ce n’est pas pour moi alors je n’y peux rien, je suis le meilleur ou supérieure à telle autre personne, je ferai mieux que l’autre, je ne fais jamais rien de bien, je suis bon à rien, etc.

Beaucoup de souffrances et de freins sont associés à cette pratique comparative, en référence aux valeurs et normes de la société et aux jugements des autres. Le fait qu’on nous compare ou que nous nous comparions nous-mêmes peut parfois avoir des conséquences catastrophiques.

Les personnes qui se placent constamment dans ce rapport aux autres et à soi-même peuvent entraîner différents types d’attitudes allant de la dévalorisation à la diminution de l’estime de soi. La personne peut se retrouver à l’ombre d’elle-même, paralysée et bloquée, ne pouvant plus avancer sur la route de sa vie. Des comportements hétéro ou autodestructeurs peuvent apparaître tels : des sentiments d’envie, de jalousie, des colères, de la violence d’intensité variable envers soi-même ou envers les autres ou encore l’autocritique chronique, la dépression et même le suicide.

D’autres vont développer une telle importance de ce qu’elle pense être, qu’il peut en résulter un gonflement ou une survalorisation de la personnalité qu’on a créé d’elle ou qu’elles se sont créées avec le temps. Certaines conséquences pourront alors se manifester tels des comportements égocentriques, la négligence envers autrui, le contrôle des autres ou leur nuisance en toute justification. Ici la personne peut se voir comme le centre de l’univers et les autres ne font que graviter autour d’elle.

Il y a cependant un décalage énorme entre ce que nous pensons être ou ce que nous devons être aux yeux des autres ou et ce que nous sommes réellement. Nous sommes enterrés sous le poids des images de nous-mêmes qui se sont placées dans notre tête et qui nous définissent.

Alors maintenant, comment se détacher de la force et de la puissance des conditionnements extérieurs intériorisés et des autoconditionnements qui vivent en nous depuis des nombreuses années ? Comment savoir qui nous sommes réellement au-delà de toutes ces définitions erronées ?

Ceci peut se faire en changeant nos habitudes et nos attitudes de regard sur nous-mêmes. Plutôt que de s’accrocher aux idées et au jugement que nous portons sur nous ou sur les images que les autres nous collent, il faut nous regarder nous-mêmes sans apporter de jugement ou de critique. Il faut balayer toute idée sur ce que nous pensons être. À tout moment que se présente une idée valorisante ou dévalorisante de soi-même, un jugement, une critique, une définition, une qualité qui vient d’autres personnes ou dans notre intérieur, ne pas s’y accrocher, ne pas entrer à l’intérieur de celle-ci. Mieux vaut laisser passer les nuages des comparaisons et nous ouvrir à notre soleil intérieur.

Notre formidable vitalité d’existence ne peut se résumer à ces perceptions erronées. En d'autres mots, toutes les potentialités de ressentir l’existence ne peuvent pas être résumées par ces descriptions de soi, par ces images que nous ressassons sans cesse. Celles-ci ne permettent pas de nous voir réellement à partir de notre source énergisante, de ressentir clairement la vie telle qu’elle coule dans nos veines, dans notre corps, dans tout ce que qui nous anime. Le fait de partir de notre ressenti est une grande découverte, car enfin ceci nous permet de nous libérer de notre vision erronée de ce que nous sommes, de l’image biaisée de soi. Ceci est une redécouverte de notre nature la plus profonde, de l’intensité de la vie qui nous habite. Cette attitude de l’ouverture à l’existant nous permettant de sortir de toute dualité pour revenir à l’unité et à la pleine existence de son Soi. Voici donc la grande porte de l’amour. Ceci représente une vraie révolution, un total changement dans la façon de se voir dans cette vie.



Comment sortir des cycles du temps



Tout passe sous nos yeux. Le temps semble fuir à une vitesse vertigineuse. Pas si tôt levé, que nous sommes prêts à nous coucher. Pas si tôt le vendredi que nous nous retrouvons le dimanche (la fin de semaine qui se termine). Pas si tôt en vacances, que nous sommes déjà de retour au travail. Pas si tôt venu au monde, que nous nous retrouvons à la retraite à nous demander comment notre vie a bien pu filer aussi vite et le temps passer entre nos doigts aussi facilement.


Nous pensons prendre le contrôle de notre vie en voulant maîtriser le temps, en l’organisant et en le planifiant. Après tout, nous avons une multitude d’activités, de responsabilités, nous avons notre travail, notre famille, nos amis-es qui exigent de nous que nous leur accordions une part de temps relative. Toutes les parties de temps utilisées, ceci en laisse bien peu pour s’accorder du temps pour soi. Nous pouvons souvent entendre l’expression: je n’ai même plus de temps pour moi avec tout ce que j’ai à faire ! Bien des angoisses et du stress se manifestent en nous quand nous voyons le temps nous échapper. La vie peut nous apparaître bien sombre quand nous la situons en référence à ce temps qui contrôle tout. Je n’aurai jamais le temps de tout faire ! Je vais mourir avant d’avoir à peine réalisé les objectifs de vie que je me promettais de réaliser ! Tout passe bien trop vite…je n’y arrive pas !
 
Le temps est une perception qui se manifeste dans notre tête. Nous regardons notre vie en comparaison avec le passé, le futur et cherchons même à figer le temps dans ce que plusieurs nomment le moment présent. Nous nous retrouvons constamment dans cette comparaison, comme en marchant sur le fil fragile de notre continuum de vie. Sans le savoir, nous sommes enchaînés à la façon de se voir dans ce rapport au temps. Comme prisonniers-ères de cette fatalité dans laquelle notre vie s’est enfermée et dans laquelle nous avons cédé notre propre liberté. Mais est-ce possible de sortir de cette perception temporelle ?
 
Oui c’est possible. Tout simplement par la conscience directe avec ce qui est. Je dis tout simplement, mais je suis conscient que pour plusieurs ce n’est pas si simple. Cette façon de se voir dans les cycles du temps remonte à des années de conditionnements collectifs et même à des autoconditionnements ancrés de longue date. Regarder la vie par un contact direct, c’est opérer une rupture, un changement de focus. Nous ne regardons pas les secondes, les minutes, les heures, etc. qui passent, mais nous sommes en présence consciente avec ce que nous faisons ou avec ce qui se passe. Nous prenons acte de ce qui est agissant en étant pleinement en présence et en conscience à ce qui est.
 
La position ÊTRE EN PRÉSENCE me permet de sortir du temps. Je ne suis plus dans le temps, mais dans la présence. Chaque activité que je réalise dans ma vie en pleine présence me permet de ne plus être affecté du tout par le temps. Le temps devient un référent pour me permettre de fonctionner dans ma vie de tous les jours. Toutefois, je n’accorde plus autant d’importance à celui-ci. Ma vie ne tourne plus autour du temps qui passe. Elle est élargie par la présence à ce qui est. Je suis libre directement de ressentir ce qui se passe, sans être affecté par le temps. Les multiples activités que je réalise, s’effectuent en tenant compte de toute leur richesse et ne sont en rien diminuées par ce rapport au temps.

Je vais terminer par une petite parenthèse pour me distancer de ceux et celles qui cherchent à figer leurs activités dans le moment présent. Plutôt que d’essayer d’arrêter le temps et de maintenir l’illusion en soi que je vais maîtriser ce moment où cette activité dans cet instant, je me place plutôt dans une position de pleine présence, EN PRÉSENCE. Le moment et l’activité vont passer et je ne pourrai jamais arrêter le temps de cette activité, je ne peux jamais arrêter le moment qui est situé dans le continuum du temps. Plutôt que de nous placer dans la crainte de voir ce moment se terminer, nous nous plaçons dans une pleine ouverture à tout ce qui se manifeste. Réaliser ceci, c’est réaliser que je peux enfin sortir des cycles du temps et vivre dans la pleine présence du vivant.
 

vendredi 2 décembre 2016

Comment vivre par la richesse de la sagesse

L’homme : J’entends souvent dire que les sages vivent dans les montagnes, qu’ils ont des barbes longues et qu’ils méditent jours et nuits. Que lorsqu’ils marchent, nous n’entendons aucun son. Quand ils parlent, ce sont des phrases profondes qui émanent d’eux. Qu'ils sont comme de grands livres ouverts provenant de leur lignée d’ancêtres. Comme il serait formidable de pouvoir vivre avec sagesse !

Le pêcheur : La sagesse est accessible à toutes et à tous, maintenant. Ce n’est pas quelque chose qui s’obtient seulement comme tu l’as décrit. C’est une position, une attitude et une ouverture sur le ressenti qui peut te permettre d’accéder à toute la richesse de la sagesse de ton Être intérieur. Vivre en ton Être te permet, sans te faire pousser de barbe ou de manger du riz en montagne, de profiter à tout moment de cette grande ouverture sur l’existence. Mais disons que vivre par la richesse de la sagesse c’est …

 … tout d’abord garder un cœur bon. Un cœur bon c’est un cœur qui ne veut pas de mal à personne et qui reste ouvert aux autres et à soi-même. Vivre à partir du grand Être plutôt que de suivre les mauvaises routes présentées par le mental, l’ego, le diable ou Mara. L’Être connaît la différence de ces voies. Vivre à partir de l’Être, c’est vivre au cœur de soi. Voir, entendre, parler, écouter, toucher et percevoir à partir de son Être et non seulement à partir de ses sens et de sa tête. C’est être en contact avec la plénitude de la vie. La sagesse émane de cette sensibilité qui dépasse le premier niveau de perception.

Parler avec sagesse, c’est dire des choses avec sa bouche qui ne viennent pas de la tête, mais du centre de soi-même, à partir du cœur. Les paroles sont d’une pureté et d’une puissance qui viennent non seulement du médium qu’est la personne qui parle, mais de la vie qui emprunte ce chemin pour se révéler. Parlez avec sagesse, c’est parlé par la vie elle-même. C’est être conscient de la puissance des mots. C’est être conscient qu’une parole est comme une minuscule roche qui tombe à l’eau dans un lac calme. Cette minuscule roche va créer des cercles ondulatoires de plus en plus grands. C’est savoir que ce qui est dit en parole ou un acte envoie des ondes à l’univers. Ce qui est dit touche les êtres, ce qui n’est pas dit touche les êtres. Parlez à l’univers, c’est entrer en contact avec celui-ci au-delà des mots. Il y a un contact, une vibration qui fait bouger ce monde. La parole est plus grande que les mots. La parole est la vibration de l’univers. Le silence peut créer de grandes catastrophes autant que de torrents d’amours et d’énergies positives.

Nous avons déjà parlé de l’écoute attentive. La pleine écoute est l’écoute du cœur, l’univers qui entend l’univers, la vie qui entend la vie. C’est la plénitude de l’écoute qui se manifeste. Elle entend ses sons et ses silences et ceci dans le même temps. Vive la sagesse de l’écoute, c’est la vibrer avec la sagesse du cœur attentif qui entend tout en même temps. Ce n’est pas une écoute focalisée sur un son ou sur un bruit en particulier, c’est entendre tout par le cœur. Entendre ce qui n’est pas manifesté, entendre l’hésitation. Entendre va donc beaucoup plus loin que les tympans qui résonnent. C’est entendre avec la pleine disponibilité de l’Être.

Voir avec la sagesse, c’est voir mieux. C’est voir ce qui ne se voit pas avec l’œil seulement. C’est voir plus loin que l’image. Par exemple, on vous présente une photo avec un merveilleux coucher de soleil. Regardez avec la sagesse, c’est regarder en tenant compte de l’image certes, mais c’est aussi regarder avec celui ou celle qui a pris cette photo. C’est voir la vie qui passe à travers le médium de l’image. Voir la vie manifestée, voir les détails imperceptibles. Regardez quelqu’un, c’est le voir pas seulement avec ce qu’il présente physiquement, c’est le voir dans tout ce qu’il présente et tout ce qu’il ne présente pas, c’est le voir au-delà du perçu. C’est voir ce qu’il a été, ce qu’il est au-delà de ce qu’il perçoit de lui-même.

Goûter quelque chose avec sagesse, c’est toute autre chose que seulement goûter avec le palais et la langue. C’est goûté avec le cœur. C’est ressentir autant les grandes cultures dans une seule gorgée de café. C’est goûté l’univers fait sel dans un seul grain de sel. C’est entré totalement dans l’acte de goûter. C’est en même temps goûter toute la complexité qui permet ce goût.

Toucher quelque chose c’est entré en contact avec tout son être. C’est percevoir la texture au-delà de ce qu’elle présente. C’est vibré intérieurement à tout ce qui permet à cet objet ou à cette personne d’être. C’est touché au-delà de la sensation physique. C’est ressentir des énergies incroyables qui permettent cette existence, qui permettent ce contact. C’est permettre à la vie de se toucher elle-même au-delà de la sensation. C’est se servir de ce médium sans s’y arrêter, sans s’y limiter.

Sentir avec la sagesse, c’est certes inspiré et interprété les particules perceptibles par ce sens de l’odorat, mais c’est aussi percevoir par ce médium la provenance de ces particules et la provenance spatio-temporelle de celle-ci. C’est sentir avec le cœur, avec l’Être. Sentir une fleur, c’est ressentir la vie manifestée. Sentir l’air pur, c’est ressentir l’univers qui rend possible cette terre. Même, sentir quelque chose qui ne sent pas bon, c’est ressentir la vie manifestée. Sentir avec l’être c’est dépassé les limites physiques du sens, c’est entré dans la senteur universelle. C’est sentir avec toute notre énergie vivante.

La perception par la sagesse, c’est l’ensemble des sens, mais plus large que les sens. La perception est une sensibilité à tout ce qui est, au mouvement lent, rapide et à l’immobilité. C’est un contact vibratoire avec l’extérieur en osmose avec l’intérieur. C’est une membrane qui vibre à tous ceux qui m’entourent. Hypersensible. C’est le cœur qui reçoit les énergies extérieures et vibre à l’unisson avec toutes les manifestations et non manifestations. C’est une fusion complète avec l’univers, avec tout ce qui nous entoure. Ce n’est pas une fusion qui se fait avec la tête par interprétation intellectuelle ou rationnelle. C’est l’existence qui passe à travers l’Être et qui est ressentie par l’existence elle-même. C’est un halo lumineux qui entre en vibration avec tout ce qui est. C’est une expérience grandiose et magnifique qui donne une toute autre richesse à ce que nous percevons dans la vie de tous les jours. C’est une fenêtre sur la vie elle-même.
























jeudi 1 décembre 2016

La mort, cette grande libératrice du vivant


Est-ce qu’il y a un sujet plus lugubre que la mort ? Est-ce qu’il y a un sujet que nous voulons contourner autant que la mort ? Non la mort est un sujet tabou, sans aucun intérêt pour bien des personnes. Quand nous y seront rendu peut-être que nous nous n’y intéresserons un peu ou même pas du tout. Parlez-moi d’autre chose que de la mort…SVP ! Sinon, je ne vous écouterai pas du tout ! J’ai bien autre chose à faire que de parler de la mort ! J’ai peur de la mort et de la maladie qui conduit à la mort ! Pourquoi donc voulez-vous m’entretenir à ce propos ?

Je vais essayer tout de même un peu de présenter les avantages de parler de la mort et d’y réfléchir pour notre vie. Pour plusieurs personnes sur le seuil de la mort, toutes les souffrances passées, tous les tourments qui n’ont cessé de la torturer, tout ceci s’évanouit dans un grand lâcher-prise. Non pas un lâcher-prise obligé, mais plutôt une prise de conscience d’un grand détachement, d’une grande liberté d’existence sans mobilisation d’énergie quelconque. C’est également la libération du sentiment de moi, ou en d’autres mots l’identification à la personnalité. Ces attachements deviennent futiles, sans aucune importance.
 

Cette prise de conscience se fait malheureusement tard dans notre vie. Pourquoi donc attendons-nous si tardivement pour découvrir cette possibilité du vivant à s’ouvrir à cette grande liberté sans entrave.

Est-ce possible de s’éveiller plus tôt. Bien certainement ! Le simple fait de constater que notre vie a une durée limitée et que de toute façon nous allons arriver tôt ou tard à notre mort devrait nous aider à relativiser tout ce qui nous arrive en cette vie. Nous pouvons accéder dès maintenant à cette conscience qui amène vers la paix intérieure.  

Aussi bien nous servir de cette réalité comme d’un levier pour vivre plus intensément notre vie. Plusieurs personnes qui ont frôlé la mort ou ont témoigné avoir vécu un retour d’une mort imminente, ont témoigné qu’elles ne voyaient plus la vie de la même façon. Les préoccupations qui avaient beaucoup d’importance auparavant n’en a tout simplement plus. Certaines vont dire : Je veux prendre attention à chaque seconde de ma vie et vivre pleinement. La mort ne me fait plus peur, car j’ai redécouvert l’amour de la vie. Ceci devrait être porteur de grandes réflexions sur ce qui a vraiment de l’importance et sur ce qui n’en a pas vraiment.

La mort peut devenir une grande amie qui nous permet de voir notre vie différemment, comme plus importante et plus riche. Oui, la mort vue à partir de cet angle peut se révéler sous une autre couleur et une autre forme. Plutôt que d’être noire et représentée comme la grande faucheuse qui nous fait peur, elle se révèle maintenant comme une belle lumière blanche du vivant et sous la forme de l’Amour bienveillant de la Vie qui se libère de ses entraves.
 

dimanche 27 novembre 2016

Et l’homme questionne le pêcheur sur son JE !


L’homme : Vous m’avez bien intrigué lors de notre dernier échange ! Je crois que vous pourriez m’aider à voir clair en moi. J’aurais plein de questions à vous poser. Est-ce que vous avez un petit moment à me consacrer ?

Le pêcheur : J’ai toute ma présence à t’offrir, je suis disponible en tout temps. Je veux bien répondre à tes questions.

L’homme : Je veux vivre à partir de mon JE intérieur. Je crois que je ne suis pas seulement mes pensées, pas seulement mes émotions, pas seulement mes désirs. Je suis toute autre chose. Je suis au-delà de mon corps. Alors si je ne suis pas tout ceci, qui suis-je ?

Pourtant, j’ai des goûts, des rêves, des sensations qui sont en moi ? J’ai l’impression des fois de me définir en référence à ce que je vis intérieurement. Mais est-ce que ce que je vis intérieurement est ce que je suis intérieurement ? Est-ce que je peux dissocier ces deux dimensions ?

Mon corps me donne l’idée que j’ai mal, que je suis fatigué des fois, il est un avertisseur. Mais est-ce qu’il est vraiment l’avertisseur de mon JE, ou est-il simplement l’avertisseur de mon corps ? Quand je me fais mal, mon corps réagit et indique à mon cerveau de réagir, d’agir, des idées font suite à cette réaction ou cette action, il me dit : ne te mets plus la main là. Est-ce que je peux véritablement séparer mon JE de ce corps qui averti mon cerveau ? Est-ce que je peux dissocier ce JE de mon cerveau qui me dit de réagir et de ne pas rester là ou de faire ceci ou cela ?

Le pêcheur : Mararshi, tu sais ce célèbre maître indien, posait la question : qu’est-ce que ce Soi qui réagit. Je n’aime pas ça, j’aime ça ! Je veux aller dans telle direction ! Je veux réaliser ce rêve ou celui-ci ! Il posait la question sans cesse aux multiples personnes qui venaient le rencontrer : Qui est ce Soi qui pense ?

Une bonne partie de la philosophie orientale est basée sur la méditation et sur l’évacuation des douleurs du corps ou des idées qui voyagent dans la tête des milliers de fois et qui se manifestent encore et encore. Comme s’il y avait un espace de calme intérieur qui permet de voir clairement ou du moins plus clairement ce que nous sommes et ce qui nous entoure.

L’homme : Des fois, mes idées sur le futur ou sur le passé m’empêchent de prendre le temps de vivre présentement. Mes craintes et mes peurs me voilent la multiplicité des possibilités et des options. Quel serait le résultat de vivre vraiment à partir de ce JE ?

Le pêcheur : Le JE est calme et il sait ce qu’il veut vraiment. JE sais ce que JE veux. Demande à ce JE, pas aux idées qui te mènent depuis plusieurs jours, mois, années, décennies.

La clarté du JE apparaît lorsque tu réussis à faire le calme en toi. Dans tous les contextes que tu vis, c’est seulement lorsque tu fais taire les idées ou les mouvements que tu peux entendre cette voix intérieure qui est en toi. À toutes les fois que tu laisses le mouvement ou les bruits t’envahir, tu laisses ce qui t’entoure étouffer ce JE.

L’homme : Donc, si je comprends bien, pour mieux comprendre qui JE suis, il faut que je multiplie ces moments de calme intérieur ?

Le pêcheur : Oui, plus tu es calme en toi, mieux tu peux entendre, plus tu fais taire en toi tous ces bruits, plus tu peux percevoir les réponses de ce JE.

L’homme : Je veux poser une grande question, est-ce que tu sauras me répondre ?

Le pêcheur : Oui bien sûr, mais tu entendras ou plutôt tu comprendras ce que tu es en mesure de comprendre, mais la graine sera semée pour entendre plus clairement éventuellement.

L’homme : Alors je te pose la question : est-ce qu’il est possible de vivre à chaque instant à partir de ce que JE suis. Je veux dire en étant attentif à chaque instant à ce JE, à ma vie comme je peux la percevoir clairement à partir de ce que je suis ?

Le pêcheur : Oui tu peux, je te ramène à ce que je t’ai dit plus tôt, tu n’as qu’à faire le calme en toi pour percevoir ce JE, ce que tu es vraiment, au-delà de ce que tu penses.

L’homme : J’ai une autre question : pourquoi je ressens toujours une certaine insatisfaction face à ma vie. J’ai l’impression de courir après un rêve et qu’après avoir atteint celui-ci, je pourrai être heureux.

Le pêcheur : Tu cours effectivement après une idée de ta vie, ce que tu aimerais pour le futur, mais tout ce temps, tu ne te permets pas de goûter pleinement à ce que tu vis vraiment maintenant.

L’homme : J’aimerais aider, me sentir utile à plein de monde, rendre le monde meilleur de ce qu’il est et ces pensées me tracassent continuellement. J’ai comme un manque en dedans de moi, on dirait que je ne peux pas garder le calme intérieur en moi, qu’est-ce que je peux faire ?

Le pêcheur : Tant et aussi longtemps que tu laisseras ces pensées dominer ce que tu es, tu ressentiras cette souffrance, ce manque auquel tu fais référence.

L’homme : Mais est-ce que je peux faire une différence et aider le monde juste en restant assis et en faisant le calme en dedans de moi ?

Le pêcheur : En fait, ce n’est pas tant en restant assis, mais en demeurant calme intérieurement que tu vas pouvoir être plus à l’affut de ce que tu es et de ce que tu peux faire autour de toi! Tu ne peux pas tout changer sur cette planète, sois-en certain. Beaucoup de personnes veulent changer ce qui se passe dans le monde. Même Jésus, Bouddha, Mahomet, Gandhi ou Obama et d’autres acteurs de grande ampleur ou inconnus ont voulu changer le cours des choses. Mais personne individuellement ne peut tout changer. Beaucoup de souffrances et de malheurs ont et vont demeurer à cause de la cupidité humaine.

Cependant, chaque personne peut changer des choses dans la mesure de son Être. Ce sont les milliers d’êtres humains qui apportent des changements à leur niveau qui font une différence. Même ces grands personnages ne pensaient pas avoir assez de force pour faire changer les choses. Ils pensaient leurs actions inutiles et avaient des doutes. Ils ont tout de même écouté qui ils étaient et ont décidé d’agir en humain avec ceci. Il en a résulté une différence en agissant à partir de ce qu’ils sont, ils ont été en harmonie avec le monde autour d’eux et ont eu un impact considérable sur des millions et des milliards d’êtres humains. Mais il reste beaucoup à faire !

Il faut donc maintenant voir le changement pas seulement à partir de toi, mais toi faisant partie de tout un monde animal, végétal, humain et plus largement universel. C’est l’addition de toutes les actions dans ce monde qui peut changer des choses de grande ampleur.

L’homme : Est-ce que je vais pouvoir te poser d’autres questions dans ma vie, lorsque mon corps et ma tête vont s’emballer, jusqu’à me perdre complètement ?

Le pêcheur : Dans ces moments de troubles, viens me voir. Sois certain d’une chose, et ceci est la foi en toi, je serai toujours là à tes côtés, car je suis toi. C’est toi qui réponds à tes propres questions. Autrement dit c’est ton JE qui répond aux questions de ta tête. Plus tu poses des questions à ce JE, plus tu vivras en harmonie avec celui-ci. JE ne te quitterai jamais. JE serai toujours près de toi, même dans tes plus grands malheurs, comme dans tes plus grands bonheurs. Même si tu es malade et que plus personne ne peut te comprendre, tu pourras toujours me poser tes questions. J’aurai toujours les mots justes pour te répondre.

L’homme : Merci ! Merci ! merci !

Le pêcheur : À bientôt !








samedi 26 novembre 2016

Aider un (e) ami (e)



J’aimerais maintenant vous partager ce que je reçois comme réponse à l’intérieur de moi concernant cette question : j’aimerais savoir comment aider un(e) ami(e) qui vit une grande souffrance ? qui en a besoin. Comment devrais-je me comporter pour véritablement l’aider ?

Tout d’abord, l’écouter en pleine conscience, en pleine disponibilité permet à celui-ci ou celle-ci d’alléger un peu son cœur. Ceci permet à la personne d’aller au fond de soi et du même coup de pouvoir sortir ce qui se passe en elle à l’extérieur.
Souvent certaines personnes vivent dans la souffrance et les personnes qui les entourent ne lui donneront pas l’occasion de parler pleinement de ce qu’elles vivent. Plusieurs ont de la difficulté à affronter la souffrance des autres. Ceci les place aussi face à leur propre souffrance. Elles pensent à elles à travers ce que l’autre vit. L’écoute réelle, celle qui fait du bien, c’est l’écoute de la compassion. C’est l’écoute qui se veut pleinement consciente et qui se rend disponible à ce que vit l’autre. Cette écoute n’interprète pas, elle ne cherche pas de solution pour l’autre non plus. Elle est calme, elle prend le temps. Elle permet à l’autre de se dire, de dire ce qu’elle vit sans voile et sans frein de toutes sortes. L’aide, c’est à partir de l’écoute qu’elle peut se réaliser.
Il existe une autre aide à un autre niveau, c’est celle qui est demandée. Celle qui part de questions de la personne concernée par la souffrance.  C’est une demande du type : et toi que ferais-tu à ma place ? Ce n’est pas une question commandée par celui qui écoute. C’est un besoin qui veut être comblé par la personne qui parle de sa situation. Il faut partir de l’autre. Suivre son rythme, sans contrainte, sans faire de réactions qui suggèrent approbation ou désapprobation.
Tu sais, quand tu veux entendre ton Soi intérieur, tu dois faire taire en toi toutes les idées qui freinent, toutes les réactions que tu te ferais à toi-même. Car tout ceci empêche l’énergie de circuler comme un flot sans entrave. C’est la même chose pour l’écoute. C’est un lâcher-prise sur tout ce qui empêche à l’autre d’exprimer son Soi intérieur. L’autre veut te voir parce qu’il a des choses à te dire. « Parle-moi, car j’ai des choses à te dire » disait Salomé. Le rythme de Dieu, c’est le rythme pur, sans entrave. Dieu qui écoute Dieu. Le Soi qui écoute le Soi. La Vie qui parle à elle-même. 
Tu as beaucoup à apprendre de l’art de l’écoute. Pratiquer cette écoute par l’art de la compassion, c’est te permettre également de te rapprocher de ton Soi. C’est comme une méditation que tu t’offres également. Tu permets pour un moment de faire taire en toi tout ce qui peut nuire à cette pleine présence en cette vie.
Plus tu prends conscience de chaque activité, comme celle de l’écoute, plus tu ouvres une porte sur la réalisation du Soi, plus tu prends conscience de la richesse que ceci recouvre. Plus la vie est pleine et riche. Prends donc le temps d’écouter afin de permettre à l’autre d’accéder à son Soi et toi également par la même occasion.
Si on te demande d’exprimer des idées sur quoi faire, tu seras plus en mesure avec l’autre de regarder les facettes des problèmes qu’elle vit. Parce que tu auras fait le chemin avec elle vers son Soi.
Cette façon d’écouter va permettre à la personne de trouver elle-même les solutions à ses problèmes. Ceci va permettre aussi d’avoir une attitude différente qui part du Soi plutôt que de son mental, de ses peurs, de l’Égo. Ce calme intérieur créé par la relation d’écoute permet à la personne de prendre appui sur ce qu’elle est, sur son énergie intérieure, sans se perdre  dans toutes sortes de pensées sur ce qu’elle vit.
Même si tu crois ne pas avoir été d’une grande aide parce que tu n’as fait qu’écouter, dis-toi qu’il y a quelque chose de plus grand qui vient de se produire. Tu ne peux pas être à même de voir tout ce qui vient de se passer. Seule la Vie en a été témoin. Il y a des choses qui se sont passées en l’autre et en toi aussi.
Cet instant a été d’une grande richesse pour la Vie elle-même. Il s’est ouvert une faille ou une fissure dans la complexité du problème. Il s’est créé un espace pour laisser la Vie s’exprimer et se découvrir en même temps…voici le grand paradoxe de la vie. L’ouverture sans entrave crée l’espace de la plénitude. Le vide intérieur en relation a créé la place pour laisser se remplir l’énergie de la Vie.
Même si tu n’as pas toujours ceci en tête, tu découvriras à mesure de tes expériences d’aide, la richesse de cette forme d’écoute et ne pourras plus jamais passer à côté de tout ce qu’elle t’apporte et ce qu’elle apporte à l’autre. Comme il a été dit, c’est le fait qu’il y ait de l’espace et des silences entre les notes, qui fait en sorte que la musique soit. Sinon ce serait un seul grand son sans mélodie, sans rythme. La vie est souvent un seul grand son de la cacophonie du mental entre les êtres. Quand nous créons l’espace et prenons le temps, toute cette musique vivante peut se manifester. Il en ressort une belle symphonie apaisante.




 

 

La vie contient-elle l’élan de sa propre destruction ?


 

Guerres, famines, attentats, maladies, violence sous toutes ses formes, tortures, génocides, meurtres, tueries, massacres, viols… toutes ces réalités démontrent finalement que la vie contient en elle l’élan de sa propre destruction. Toutes ces réalités ont le siège de leur existence dans l’ignorance, dans l’égocentrisme, dans ce qu’il y a de plus sombre.

L’être humain fait vivre à ses semblables des atrocités indescriptibles (pensons au massacre du Ruanda, aux camps de concentration nazi, aux actes terroristes, à la violence urbaine de nos grandes métropoles qui s’étendent même un peu partout, pour ne nommer que ces exemples). Il use de moyens incroyables pour faire triompher ses idées, ses valeurs, ses croyances. Son point de vue s’incarne dans de multiples gestes qu’il justifie à partir d’argumentations et de certitudes qui légitiment ses actions.

Depuis des milliers d’années, l’homme vit dans cette double réalité du bien et du mal. La plupart du temps, il croit que ses actes sont de l’ordre du bien pour une raison ou une autre. Il juge les actions des autres comme mal et justifie ainsi sa violence envers ceux-ci en mettant en place des actions visant à éliminer le mal en l’autre. Combien de guerres d’idées, d’attentats suicides vont justifier pleinement et valoriser ceux et celles qui vont les mettre à exécution ?

Ces gestes de contraintes, d'agression ou d’élimination de la vie sont souvent mis de l’avant au nom d’un Dieu quelconque. Pouvons-nous pour un instant nous distancer de nos propres croyances et nous demander : Est-ce que Dieu entérine en effet tous ces actes de violence et de destruction ?

Si la vie est la plus grande chose qui existe dans cet univers, alors pourquoi se permet-elle de faire autant d’atrocité ? Est-ce que nous pouvons penser un seul instant que ce grand déploiement de la vie désire tout ceci ? Est-ce que c’est la vie qui détermine qui sera tué demain matin dans le but de faire vaincre telle ou telle idée ? Si oui, est-ce que la vie porte en elle son propre germe de sa destruction ? En ce sens, est-ce que nous, qui sommes porteur de vie, en même temps nous sommes porteur de cette destruction? Est-ce que la vie doit s’éliminer par elle-même à travers nous ? Si l’être humain est comme tous les autres êtres vivants dans le déploiement de l’existence de la vie, comment se fait-il qu’elle permette tout ceci ?

Il faut être conscient de la présence de cette force de destruction potentielle qui est en nous, nous les êtres humains. Cet instinct de destruction se retrouve dans nos moindres gestes. Nos peurs, valeurs, croyances, pulsions peuvent causer de graves conséquences pour nos semblables.

En fait, nous avons le choix de permettre que cet élan de destruction se continue à travers nous ou le choix de l’arrêter. Si nous choisissons de ne pas arrêter cette force, et bien elle va continuer à perpétuer des tristesses, des douleurs, des peurs, et des atrocités sous toutes leurs formes. Nous allons donc toujours laisser à cette trace de destruction qui est en nous le droit d’anéantir. Nous avons un autre choix c’est de valoriser l’aspect créatif de la vie, cette expansion saine pour tous les êtres qui sont impliqués par celle-ci. Nous pouvons aider notre semblable à mieux profiter de sa propre vie, par un geste de générosité total.

Réaliser de grandes choses dans ce cas-ci, c’est de constater que nous pouvons, chacun de nous, prendre conscience de cet élan de destruction dans notre vie de tous les jours (exemple : quand nous sommes en colère contre notre semblable, que nous avons envie de le détruire par des paroles, que nous choisissions de lui nuire ou médire sur lui, quand nous avons envie de frapper, de crier ou d’injurier notre semblable, lui dérober son bien, etc.) et de remplacer tout ceci par la générosité, le partage, la compassion et le respect du déploiement de la vie sous toutes ses formes. Ceci est un choix qui commence avec chacun d’entre nous et nous avons le choix et la capacité de dire non à cet élan de destruction.





L’accès à la réalité de l’existant par le ressenti

 
La vérité de ce qui nous entoure est plus claire et limpide que toutes les idées et interprétations que nous en avons. Cette vérité s’exprime par ses propres manifestations, par son propre mode expressif.
Nous pensons avoir prise sur ce monde, car nous croyons que notre façon de l’expliquer nous suffit. Cette manière de voir le monde peut nous sécuriser. Nous pouvons penser qu’en expliquant tel ou tel phénomène, que nous l’avons compris et qu’il devient résolu facilement. Ainsi le monde complexe peut-il être préhensible, enfermé dans nos conceptions que nous en avons.
La beauté des choses peut également se partager en quelques mots échangés entre les personnes pour s’entendre sur ce qui est beau ou laid, acceptable ou non. Ainsi nous avons prise, ou plutôt avons l’impression de maîtriser la beauté elle-même. Nos mots et nos explications sont pourtant excessivement limitatifs. Ils permettent d’avoir une certaine prise sur seulement quelques facettes qui peuvent être véritables, mais aussi contenir des faussetés.
La complexité de la vie n’est pas approchable par les simples mots qui la recouvrent. Ils ne permettent pas d’appréhender toutes ses subtilités. Ceci est une façon humaine de voir le monde. Cependant, il faut être tout de même au fait des limites de ces façons de faire. Trop vivre à partir de nos modes explicatifs et de nos concepts nous éloigne de cette complexité et ne nous permet pas d'avoir accès à plusieurs autres dimensions qu’elle renferme ou qu’elle manifeste.
La complexité ou une partie de cette complexité peut être perçue plus clairement si je l’appréhende sans jugement, sans les mots limitatifs qui tendent de l’enfermer, sans lui superposer toutes les explications qui ne sont qu’un voile.
Nous pouvons mieux saisir les nuances de l’existant et le percevant par le cœur et en nous ouvrant au centre de notre Être. Ainsi, partir du ressenti, de la vibration profonde en relation avec ce qui est nous permet de redécouvrir ce monde. Ce ressenti est une prise directe, un contact épuré de tous les artifices de la pensée et de l’intellect. C’est une pleine ouverture sans les barrières que nous avons l’habitude de placer entre nous et ce qui est. C’est l’ouverture du cœur. Pas le cœur physique, mais le cœur vibratoire qui est localisé au centre de la poitrine. C’est comme si une immense porte s’ouvrait à cet endroit et que nous regardions par ce centre plutôt que par nos yeux.
C’est comme si à partir de ce ressenti les couleurs, la chaleur, les choses et les personnes auraient plus de relief, deviendraient plus claires. Le terme illumination pourrait être utilisé, ne serait-ce pour l’image de ce qui devient plus lumineux. Les mots des personnes ne sont plus juste des mots, les dimensions subtiles sont maintenant disponibles. Ce n’est plus seulement le cerveau qui tente de déceler les idées que recouvre ces mots, mais c’est l’Être qui entre en contact avec une partie de l’Être qui est devant nous. L’accès à de plus grandes parties de la réalité prend beaucoup de relief avec cette préhension du monde à partir du ressenti.
 

jeudi 24 novembre 2016

Sortir de la solitude par le sentiment du vivre ensemble


Nous n’avons pas toujours l’impression de vivre ensemble. Quand je suis en voiture avec plusieurs personnes autour de moi, je suis en interaction sans m’en rendre compte. J’existe dans le même espace-temps d’un nombre considérable de personnes. Actuellement sur la planète, il y a du monde qui se couche et d’autres qui se lèvent. Nous réalisons tous et toutes des choses simultanément. Il est intéressant de se saisir dans un sens plus large.

La solitude est le sentiment de se sentir seul. Nous pouvons changer cette perspective du sentiment de se sentir seul en prenant conscience que nous ne sommes pas seuls. Il est certain que nous ne sommes peut-être pas en communication directe avec les autres personnes, mais nous vivons actuellement dans un temps et un espace qui est partagé avec une multitude de gens sur la planète.

Un exemple est que notre consommation a un impact sur le marché économique mondial ou sur le taux de pollution de nos sociétés. Nous consommons, nous échangeons, nous participons à l’ensemble des transactions. Ce que moi je jette dans une poubelle, d’autres personnes jettent aussi quelque chose en même temps que moi de façon décalée de quelques heures. Nous générons ensemble la totalité de la consommation et malheureusement aussi de la pollution mondiale.

Se sentir comme un élément d’un tout nous permet de nous saisir dans un espace beaucoup plus large que ce que nous pensons. Quand j’écoute la télévision, ce sont les cotes d’écoute qui viennent d’être modifiées par ma seule action. Si je consomme un produit qui a été fabriqué ici au Québec ou à un autre endroit dans le monde, je suis en communication directe avec les personnes qui ont conçu la publicité ou qui ont participé à la fabrication et à la vente de ce produit. C’est tout un système économique qui a bougé du fait de ma simple action.

Il en va de même de toutes les actions qui concernent les autres. Si je participe à un spectacle d’humour et que mon rire se fait entendre en même temps que le rire de toutes les autres personnes qui m’entourent, notre action commune entraîne le rire d’une foule.

Ceci est une façon de se voir élargi dans la vie. J’ai déjà côtoyé une personne qui me disait : quand je suis dans une bibliothèque et que j’ouvre des livres ou des revues, je ne suis pas seul. Je suis en relation avec toutes ces personnes dans notre temps ou dans des temps anciens qui ont écrit pour que je lise ce qu’elles ont ou avaient à dire.

Lorsque je me sens seul, je peux toujours me demander comment présentement ou dans ma journée j’ai été en lien avec d’autres personnes sur la planète. Je vais vite me rendre compte que plusieurs de mes actions et des actions des autres nous font vivre dans un grand mouvement relationnel.

 

 

Une larme sur une joue


Une larme contient en elle l’expression concrète d’une émotion du cœur, elle témoigne de la tristesse que ressent une personne par rapport à des événements qui l’affectent. Nous vivons dans un monde où les larmes n’ont pas la cote. Nous associons trop souvent une larme à de la faiblesse, de la dépression, à la limite, à un problème de santé mentale.

Nous voyons bien la tristesse des autres, mais il faudrait qu’elle passe rapidement et qu’on ne s’y attarde pas trop longtemps. Nous voudrions nous-mêmes essuyer cette larme qui nous rend mal à l’aise, donner quelques conseils et que la personne reprenne enfin ses esprits. Nous avons nous-mêmes vécu des choses semblables où d’autres nous ont témoigné la manière dont ils s’en sont sortis. Il peut nous sembler aidant de partager ces choses avec la personne triste dans un souci de l’aider.

Cette larme qui coule sur cette joue est souvent la seule manière que le corps a eu de manifester quelque chose à l’extérieur de lui-même. Plein de choses se retrouvent à l’intérieur de lui qui n’a pas été en mesure de se dire.

Notre simple présence, notre pleine disponibilité, nous écoute attentive peuvent permettre à cette goutte de se transformer en torrent et d’exprimer enfin dans un élan de libération ce qui était bloqué à l’intérieur de la personne.

Tous les conseils et idées que nous voulons suggérer, bien que bien intentionnés, peuvent risquer d’empêcher cette libération émotionnelle très importante pour le soulagement de la personne que nous voulons aider. Réaliser de grandes choses, c’est réaliser l’importance que nous pouvons jouer dans l’ouverture permettant l’épanchement de la tristesse.


 

 

Jusqu’au dernier souffle de vie


La vie contient en elle le potentiel de sa propre fin. Elle est un présent merveilleux qui est prêté à tout être vivant pour une période déterminée. Nul ne peut prévoir l’instant exact où cette énergie vitale va s’arrêter. Les spécialistes peuvent certes avancer des hypothèses de plus en plus vraisemblables sur les années, les mois, les semaines, voire les jours de vie qu’il reste à vivre pour certains êtres. Mais c’est en bout de ligne l’énergie vivante elle-même qui dictera la fraction de seconde ou elle s’arrêtera.
 
Nous pouvons entrer dans des suppositions sur le moment ou ceci se produira. Nous pouvons inventer tous les scénarios imaginables, mais cet événement demeure unique, spécifiquement temporel et hors de toute pensée.
 
Certains pourront croire qu’ils sont impuissants face à la mort imminente, qu’ils ne savent pas quoi faire ou quoi dire. Je me demande pourquoi dire quelque chose alors que c’est la vie qui est en train de parler. C’est elle qui manifeste ses derniers battements. C’est dans une subtilité incroyable qu’elle s’éteint.
 
Nous ne pouvons pas nous superposer à ce qui se passe et à ce qui est en train de se vivre. Car pour moi le chemin vers la fin de la vie est toujours la vie dans son dernier élan de déploiement. Le respect de la vie se traduit dans une pleine attention, une grande présence, un arrêt en soi de toute pensée qui peut mettre un voile sur ce qui se passe.
 
Être présent à un être qui vit ses derniers instants, c’est être totalement ouvert à ces moments précieux et d’une richesse existentielle incalculable. Ceci n’enlève en rien la tristesse, la peine, voire la colère qui nous anime. Toutes sortes d’émotions viennent en nous et certaines d’entre elles veulent même nous empêcher d’accepter ce qui est en train de se passer.
 
Tout ceci est compréhensible car, nous qui continuons à vivre, nous ne voulons pas voir l’autre s’éteindre, nous voudrions le garder près de nous, vivant comme nous l’avons toujours vu. Il vient un temps cependant où la réalité est là…cette réalité de la fin de la vie.
 
Je crois que comme la naissance, la fin de la vie est un événement tout aussi important dans l’existence des êtres. C’est toujours dans un cas comme dans l’autre la manifestation de la vie elle-même. J’espère que lorsque mon dernier souffle se manifestera, je serai moi aussi attentif à cette vie qui se manifeste pour la dernière fois. Réaliser ceci représente pour moi une des plus grandes choses de toute l’existence.


 
 

L’état d’émerveillement

L’homme : Je vous ai entendu parler de merveilleux à quelques reprises. Pouvez-vous m’en dire plus sur ce que vous entendez par émerv...