mardi 27 décembre 2016

Remplacer les images de soi par l’existence de soi


Depuis que nous sommes tout jeune, nous avons été amenés à adopter certains types de comportements. On nous a dit ce qui est bien ou mal et on nous a dictée comment se comporter en société. On a essayé, pour le bien collectif ou pour toutes autres raisons de nous forger comme de bons citoyens, de bons enfants, de bons élèves ou amis, de bons adultes.

Tous ces conditionnements furent certes utiles pour maintenir un certain ordre familial ou social, mais du même coup, la façon de nous voir a été conditionnée par tout ceci. Comme si ce que nous sommes devait constamment respecter ce qui est admis, reconnu, valorisé. Ceci a eu pour effet de teinter la façon de se voir, de créer des images de soi figées, en référence et déformées. Toute image de soi est en partie un reflet de cette société intériorisée, une société qui a su s’incorporer dans notre interprétation mentale de ce que nous sommes et devons être. 

Et puis, il y a eu aussi toutes les comparaisons entre les personnes. Les jugements, les descriptions, les qualités et les défauts des autres ont teinté pour plusieurs les façons qu’elles ont eues de se voir et de se construire des personnalités en référence.

Tu es gentil, tu es belle, tu es stupide, tu es gros ou grosse, tu n’es pas intéressant, tu es brillante, tu es mieux ou moins bien que telle autre personne, tu es un incapable, ton frère est plus habile que toi, tu n’as pas ou tu as tous les talents, tu ne réussiras jamais dans la vie, car tu es trop bête, tu viens d’une famille reconnue et tu dois agir pour conserver sa réputation, tu fais partie d’un groupe sélect de la société, etc.

À plusieurs moments de notre vie, il est possible que nous ayons également coopéré à fabriquer des images erronées de nous en nous comparant avec les autres ou avec ce que nous devrions être. Nous avons été les complices de la construction de ces évaluations en émettant des jugements sur ce que nous croyons être. Comme si cette façon de faire était tout à fait normale et que nous pouvions nous-mêmes l’utiliser contre nous-mêmes. Même le langage, les mots que nous utilisons parfois sont chargés des images de soi qui tentent de nous décrire.

Je ne serai jamais capable, je ne suis pas bon dans ceci, je n’ai aucun talent dans cela, on m’a toujours dit que ce n’est pas pour moi alors je n’y peux rien, je suis le meilleur ou supérieure à telle autre personne, je ferai mieux que l’autre, je ne fais jamais rien de bien, je suis bon à rien, etc.

Beaucoup de souffrances et de freins sont associés à cette pratique comparative, en référence aux valeurs et normes de la société et aux jugements des autres. Le fait qu’on nous compare ou que nous nous comparions nous-mêmes peut parfois avoir des conséquences catastrophiques.

Les personnes qui se placent constamment dans ce rapport aux autres et à soi-même peuvent entraîner différents types d’attitudes allant de la dévalorisation à la diminution de l’estime de soi. La personne peut se retrouver à l’ombre d’elle-même, paralysée et bloquée, ne pouvant plus avancer sur la route de sa vie. Des comportements hétéro ou autodestructeurs peuvent apparaître tels : des sentiments d’envie, de jalousie, des colères, de la violence d’intensité variable envers soi-même ou envers les autres ou encore l’autocritique chronique, la dépression et même le suicide.

D’autres vont développer une telle importance de ce qu’elle pense être, qu’il peut en résulter un gonflement ou une survalorisation de la personnalité qu’on a créé d’elle ou qu’elles se sont créées avec le temps. Certaines conséquences pourront alors se manifester tels des comportements égocentriques, la négligence envers autrui, le contrôle des autres ou leur nuisance en toute justification. Ici la personne peut se voir comme le centre de l’univers et les autres ne font que graviter autour d’elle.

Il y a cependant un décalage énorme entre ce que nous pensons être ou ce que nous devons être aux yeux des autres ou et ce que nous sommes réellement. Nous sommes enterrés sous le poids des images de nous-mêmes qui se sont placées dans notre tête et qui nous définissent.

Alors maintenant, comment se détacher de la force et de la puissance des conditionnements extérieurs intériorisés et des autoconditionnements qui vivent en nous depuis des nombreuses années ? Comment savoir qui nous sommes réellement au-delà de toutes ces définitions erronées ?

Ceci peut se faire en changeant nos habitudes et nos attitudes de regard sur nous-mêmes. Plutôt que de s’accrocher aux idées et au jugement que nous portons sur nous ou sur les images que les autres nous collent, il faut nous regarder nous-mêmes sans apporter de jugement ou de critique. Il faut balayer toute idée sur ce que nous pensons être. À tout moment que se présente une idée valorisante ou dévalorisante de soi-même, un jugement, une critique, une définition, une qualité qui vient d’autres personnes ou dans notre intérieur, ne pas s’y accrocher, ne pas entrer à l’intérieur de celle-ci. Mieux vaut laisser passer les nuages des comparaisons et nous ouvrir à notre soleil intérieur.

Notre formidable vitalité d’existence ne peut se résumer à ces perceptions erronées. En d'autres mots, toutes les potentialités de ressentir l’existence ne peuvent pas être résumées par ces descriptions de soi, par ces images que nous ressassons sans cesse. Celles-ci ne permettent pas de nous voir réellement à partir de notre source énergisante, de ressentir clairement la vie telle qu’elle coule dans nos veines, dans notre corps, dans tout ce que qui nous anime. Le fait de partir de notre ressenti est une grande découverte, car enfin ceci nous permet de nous libérer de notre vision erronée de ce que nous sommes, de l’image biaisée de soi. Ceci est une redécouverte de notre nature la plus profonde, de l’intensité de la vie qui nous habite. Cette attitude de l’ouverture à l’existant nous permettant de sortir de toute dualité pour revenir à l’unité et à la pleine existence de son Soi. Voici donc la grande porte de l’amour. Ceci représente une vraie révolution, un total changement dans la façon de se voir dans cette vie.



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