dimanche 30 avril 2017

Une voie vers le silence intérieur


Le silence est un mot qui signifie l’absence de son ou de bruit. Un son ou un bruit sont des vibrations qui atteignent les organes des sens et les font vibrer. Les bruits extérieurs nous affectent positivement, négativement et parfois n’ont aucun impact sur nous, en d’autres mots, ils nous font vibrer selon une intensité relative.  Il y a aussi les sons que nous percevons physiquement et ceux dont nous n’avons pas conscience de leur présence, mais qui sont là tout de même. Par exemple à travers les bruits quotidiens, nous portons attention sur certains sons comme ceux de la télévision ou des autres personnes qui parlent. Cependant, lorsqu’un ventilateur ou un système d’air climatisé s’arrête, nous prenons conscience que ce son était aussi présent.

Nous avons tendance à croire que le silence est présent lorsque nous n’entendons plus aucun son. Curieusement, même dans ces moments de silence extérieur, il y a d’autres bruits qui ne sont pas sonores mais qui sont pourtant également vibratoires, ce sont les bruits mentaux. Toutes les pensées et tous les sentiments qui nous animent intérieurement et qui provoquent en nous des émotions peuvent être qualifiés métaphoriquement de bruits mentaux.

Il y a des pensées qui nous occupent ou nous préoccupent consciemment, lorsque nous en prenons attention. Toutefois, comme pour l’exemple du ventilateur cité précédemment, il y a d’autres pensées qui nous habitent mais dont nous ne soupçonnons même pas leur présence. Celles-ci peuvent nous affecter variablement tout de même.

Plusieurs de ces pensées peuvent être utiles pour pouvoir agir dans notre monde. Certaines sont rattachées à un rappel lié à nos besoins quotidiens. Par exemple, les pensées qui nous disent de préparer un repas pour se nourrir, utiliser un moyen de transport pour se rendre au travail, penser à ce qui est nécessaire pour prendre soin de nos enfants, etc. Ces pensées sont d’ordre fonctionnel et sont nécessaires pour prendre des décisions et mettre en place des actions afin de combler les exigences de notre quotidien.

Les formes pensées, contrairement à ce que plusieurs croient, ne sont pas qui nous sommes. Elles sont la manifestation en continue des multiples idées, suggestions, souvenirs, images, etc. qui s’expriment dans notre tête. Les pensées sont des outils à notre disposition et nous avons la possibilité de discernement entre celles qui peuvent nous servir réellement et celles qui peuvent nous être nuisibles. Car oui, il y a aussi une multitude de pensées perturbatrices qui nous maintiennent dans des sentiments d’angoisse, de peur ou de stress et qui peuvent affecter notre joie de vivre.

Est-ce que le silence intérieur est l’absence de ces bruits mentaux et si oui, comment faire pour fermer le volume de ce vacarme, ou du moins le faire diminuer. Même si nous sommes très concentrés et que nous sommes très calmes, nous allons tout de même constater la présence de ces bruits. La tête est comme un ciel plein de nuages. Ceux-ci passent et repassent sous différentes formes et créent des perturbations vibratoires intérieures.

Donc, est-ce qu’il faut comprendre qu’il n’est pas possible d’y échapper ? Oui il est possible. Il y a au moins deux attitudes que nous pouvons avoir face à ces pensées. Une qui ne nous permet pas d’y échapper et une autre qui nous le permet : la première, demeurer dans les tensions émotionnelles ou la résonnance qui accompagnent ces pensées. Cette première attitude nous emprisonne dans les effets perturbateurs des pensées et nous trappe dans un tourbillon émotionnel de peur, angoisse, enthousiasme, désirs, etc. La seconde attitude, celle du détachement est la séparation entre les bruits mentaux et la constatation détachée de ces phénomènes intérieurs.

Plus facile à dire qu’à faire, vous allez dire ?

Certaines pensées et réactions émotives nous semblent tellement puissantes et incluent un tel taux vibratoire qu’il nous semble impossible d’en faire abstraction. C’est pourtant en raison de l’attachement et l’identification à celles-ci que l’être humain vit de multiples troubles mentaux et émotionnels au quotidien. Stress, dépressions, idées suicidaires et toutes autres formes de pensées qui le font valser dans le tumulte de leurs manifestations. Le silence intérieur n’est pas l’absence de bruits mentaux, il est le calme sans le maintien d’une prise sur les vibrations qui lui sont rattachées. Une personne qui vit dans le silence intérieur voit les pensées et leurs effets émotifs avec une distance, sans s’y accrocher.

Est-il possible de vivre au quotidien dans ce détachement ou si nous sommes condamnés à vivre dans l’enfer des tourments intérieurs ? Il est possible, par la pratique simple et graduelle suivante : nous pouvons concrètement essayer d’être attentif à quelques pensées et essayer de les voir pour ce quelles sont, que des pensées ou des images intérieures. Nous pouvons ressentir en nous les effets émotifs qu’elles génèrent sans s’y laisser prendre.

Prenons un exemple. Ce matin je me suis fait réveillé très tôt pas un voisin qui frappait sans cesse avec son marteau. Avant même de commencer à me faire un scénario sur la situation, je suis resté attentif à ce qui se manifestait comme pensées. La première à venir avait approximativement la forme suivante : qui peut bien cogner du marteau et réveiller tout le monde de la sorte un dimanche matin ! Alors qu’ordinairement je me serais laissé entraîner dans un tourbillon d’idées avec de multiples charges émotives telles que : il ne pense qu’à lui, cette personne est égoïste, je vais aller lui dire que ça n’a pas de bon sang d’agir de la sorte et ainsi de suite. Nous pouvons facilement nous imaginer toutes les conséquences possibles qui auraient pu s’en suivre, en termes de tensions intérieures et de conflits extérieurs potentiels. Une belle journée de dimanche pourrait ainsi prendre une tournure très différente et mener à un obscurcissement et une tempête intérieure et extérieure et très peu de temps.

Au lieu de cela, j’ai vu en moi cette première pensée et la tension qui l’accompagnait, mais je les ai regardées pour ce qu’elle était, une pensée accompagnée d’une émotion colérique. En regardant cette pensée, j’ai pu du même coup m’en distancer, comme quelqu’un qui va voir un film au cinéma, avec un certain détachement. Je me suis mis à écouter le marteau cogner et me suis rendu compte que ce n’était que le son d’un marteau qui cogne. J’ai entendu le son pour ce qu’il était tout simplement, sans lui porter quelque interprétation qui soit. Cette façon de me détacher de la pensée chargée de tension et du son manifesté a fait en sorte que j’ai pu demeurer dans le calme intérieur. Mon dimanche s’est poursuivi avec une très belle énergie accompagnée d’un beau ciel bleu ensoleillé et sans les nuages.

Voici donc ce qui se produit : les pensées passent, les émotions s’estompent laissant doucement place au calme et au silence. L’image de la pensée devient floue, la puissance ou l’intensité de l’émotion générée diminue et la plénitude de ce que nous sommes peut reprendre toute la place.

Avec une plus grande attention, nous pouvons percevoir les pensées dont nous n’avions pas conscience de leur présence. Même celles les plus profondément enfouies ne peuvent se dissimuler lorsque nous portons un regard calme et ouvert à ce qui se manifeste en nous. Certaines de ces pensées profondes peuvent avoir un impact important sur nos émotions et notre personnalité (l’idée que nous nous faisons de nous-mêmes). La même pratique peut s’appliquer à de telles pensées profondes. Nous leur permettons de revenir à la surface, juste en les percevant ou en les identifiant parfois par l’énergie qui se manifeste soit par une subtile tension physique, une émotion ou sentiment inconfortable. La pensée se trouve à la source, à la racine même de ces manifestations. Il est important de laisser venir à la conscience, cette pensée enfouie. Une fois cela fait, ressentir les vibrations et les laisser être pour ce qu’elles sont. Le recours à un service professionnel de soutien peut parfois être nécessaire et recommandé en cas de détresse liée à certaines pensées. Ne pas hésiter à consulter dans ce cas.

Le silence intérieur est ainsi disponible par le détachement des bruit mentaux. Cet espace ainsi créé permet à la conscience d’exister sans la prise sur la pensée et les émotions. Moins le ciel intérieur est obscurci par les nuages mentaux, plus le ciel de notre conscience devient clair. Voici donc disponible le chemin vers une nouvelle voie, celle du calme et du silence intérieur.
 
 
 


 

 

mercredi 26 avril 2017

La liberté au-delà de nos accumulations


Nous vivons en accumulant de multiples choses au fil des années. Toutes ces accumulations ont leurs utilités pour nous permettre de répondre à des besoins divers et rendre notre vie plus confortable. Que ce soit des nouvelles connaissances et expériences pour combler notre curiosité, pour obtenir ou conserver un emploi, une voiture pour nous déplacer, aller travailler, voyager ou autres raisons, des objets qui vont meubler et égailler notre vie, de l’argent pour nos besoins alimentaires, vestimentaires, notre hébergement, nos loisirs, notre retraite ou encore pour aider d’autres personnes.

Certaines personnes pourraient penser que c’est un énorme gaspillage de tout laisser aller au moment de quitter ce monde. Pourquoi tant d’effort pour finalement ne rien pouvoir emporter ? Quelle absurdité d’avoir mis autant d’énergie, alors que rien de ceci ne nous accompagnera au moment du grand départ ! Oui, il y aura bien quelques traces laissées derrière nous qui prendrons la forme d’héritages, d’écrits ou des réalisations diverses. Possiblement que nos proches pourront profiter de ce que nous aurons laissé (s’ils ou elles y trouvent une importance ou une utilité). D’autres pourraient penser que tous les efforts dans la vie ne servent absolument à rien. Que tout ce que nous réalisons ou obtenons n’a finalement aucune importance et ne vaut pas la peine d’être vécu ou obtenu.

Je relativiserai en disant que toutes ces accumulations ont eu ou ont leurs utilités variables. Elles ont répondu ou répondent à des besoins au moment où cela nous semble nécessaire. Nous avons vécu ou vivons au moment de leur accumulation avec le sentiment de leur importance relative et selon la signification que nous leur apportons. Est-ce que nous accumulons trop ou trop peu ? Ceci est une autre question que chacun et chacune peut répondre en lien avec ses besoins réels ou superficiels.

Maintenant, que peut-on comprendre de devoir tout laisser derrière soi ? Est-ce que ceci doit nous laisser amère, déçu et avec un sentiment que tout ceci est le reflet de l’inutilité existentielle ? Je dirai simplement que tout est et n’a pas besoin d’être accumulé pour toujours. La vie est expérience et non pas attachement. C’est le sentiment d’attachement qui créé la résistance à laisser aller les choses. Corps, richesse, pensées, personnalité, Égo, réalisations, formes physiques diverses, tout ceci ne fait que passer en cette vie, ils ne sont que des phénomènes expérimentés par ceux et celles qui les vivent.

La liberté apparaît au moment où nous lâchons-prise. Mais que veut bien dire cette expression de lâcher-prise. C’est lorsque nous laissons aller la tension énergétique créée par notre volonté de possession ou de mainmise des phénomènes et des objets. Au lieu de voir ceux-ci en référence à une volonté de les retenir et de les maintenir dans le temps, il est grandement libérateur d’accepter qu’ils ne soient que de passage dans notre vie.

La grande découverte de la Vie, c’est justement de vivre ce qu’il y a à vivre, découvrir l’expérience fascinante de la Vie, mais sans avoir besoin de s’attacher à quoi que ce soit. La claire présence à ce qui est et à ce qui se vit est elle-même d’une grande intensité. C’est un état de pleine ouverture et plein embrassement de l’existant. Nul besoin d’engranger ou d’accumuler pour justifier ou non l’utilité de notre vie.
 

 

L’état d’émerveillement

L’homme : Je vous ai entendu parler de merveilleux à quelques reprises. Pouvez-vous m’en dire plus sur ce que vous entendez par émerv...