Regardant s’éloigner l’homme. Le pêcheur poursuit sa
réflexion intérieure sur l’attitude juste à adopter dans la présence. Il se dit
en lui-même :
Le pêcheur : Juste vision, juste toucher, juste
écoute, juste parole, juste sensation, juste action. Mais de quoi s’agit-il au
juste ?
Et il poursuit cette discussion en lui-même :
Le pêcheur : Contrairement à ce que nous sommes habitués de croire, le mot
juste ici ne fait pas référence à quelque chose d’idéal. La vue idéale et la
parole idéale renvoient à ce qui a de la valeur pour les personnes. Ce jugement
de valeur nous éloigne paradoxalement de la réalité.
Le juste fait référence à la claire réalité sans le masque
des jugements que l’on porte sur ce qui est. Si je prends un exemple d’une
personne qui s’adresse à moi, l’écoute juste est la pleine écoute. Cette écoute
est autant la pleine présence aux mots qui sont prononcés, qu’aux silences, aux
pensées non dites, à l’intonation de l’interlocuteur, bref à tout ce qu’il est
et tout ce qu’il présente ou non. La juste attitude d’écoute est cette pleine
présence sans jugement, en complète ouverture avec ce qui est. Elle permet l’expression
des autres et l’attention à ce qu’ils ou elles sont.
Les actions que nous effectuons peuvent avoir différentes
qualités et intentions. La juste action est la pleine présence à ce que je suis
en train de faire. L’attitude juste est cette position que je prends face à ce
qui se manifeste. Tout ceci n’est pas interprété, n’est pas filtré par mes
mécanismes mentaux et la personnalité qui juge ce que je dois faire et ce que
je dois être.
Nous sommes capables d’interpréter, de juger et d’avoir une
idée sur tout ce qui se présente à nous. Nous sommes habitués de tout penser dans
notre vie. Ce qui est plus difficile mais en même temps beaucoup plus riche, c’est
de découvrir ce qui est obscurci par ces jugements ou ces références
réflexives. Découvrir, veut aussi dire retirer ce qui recouvre, rendre visible,
retrouver ce qui était caché sous le voile de notre réflexion. Sans m’accrocher
à la couverture des mécanismes mentaux qui recouvre tout, qui masque la réalité
du vivant.
Plus je me rapproche d’une attitude juste de découverte
directe en concordance avec ce qui est, plus j’accède à la richesse et au relief de ce qui se manifeste. Pour découvrir cette justesse, il faut que je
décide moi-même de passer à l’action, de me placer dans cet état de conscience.
Le pêcheur se questionne sur l’importance des interprétations,
des jugements et des descriptions que nous nous faisons de la réalité.
Le pêcheur : Toutes ces interprétations ne sont-elles pas nécessaires pour
nous situer face à des dangers ou à des décisions que nous devons prendre en
fonction de ce que nous en percevons ?
Il répond en lui-même :
Le pêcheur : Nos mécanismes mentaux et notre mode réflexif sont des outils
pour interpréter notre monde dans lequel nous vivons. Mais ils sont du même
coup souvent biaisés, impliquent des erreurs, comportent des limites dans la
connaissance de toutes les informations sur ce qui se présente dans notre vie.
La justesse de nos jugements est souvent illusoire car elle contient des
faussetés sur cette réalité. Nous prenons souvent des décisions basées sur une
réalité obscurcie ou transformée par nos pensées et nos calculs mentaux.
Pour éviter d’être les victimes de nos propres modes interprétatifs,
il est plus juste de les mettre en veilleuse quelques fois pour nous
positionner dans une ouverture et découverte sur la réalité. C’est seulement
dans ce contact le plus direct possible que nous en aurons une plus grande
compréhension. Il sera toujours possible de nous servir par la suite de nos
mécanismes mentaux et de notre réflexion pour trouver les actions appropriées aux
événements et aux circonstances qui se présentent à nous.
L’attitude juste est donc un positionnement d’ouverture et de
découverte. Elle permet l’élargissement de notre vie dans l’expression des
multiples nuances du vivant qui étaient jusqu'à maintenant inaccessibles.
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