mercredi 12 juillet 2017

La joie perpétuelle est possible dans notre vie


L’homme : Est-ce possible d’être heureux et d’avoir accès au bonheur perpétuel ?

Le pêcheur : Qu’entendez-vous par bonheur perpétuel ?

L’homme : J’entends un état de bien-être qui dure dans le temps, sans être constamment tourmenté par nos soucis. Avoir suffisamment d’argent et de nourriture pour ne pas vivre dans le manque de toutes sortes de choses. Ne pas toujours vivre dans l’angoisse de ce que sera demain, d’être malade ou de souffrir.

Le pêcheur : Bien sûr. Toutefois pour se faire, encore faut-il identifier ce qui nous amène à rester accroché à ce qui nous tourmente, aux sentiments de manque que nous maintenons en nous et les pensées et énergies d’angoisse que nous laissons se maintenir dans notre tête.

L’homme : Vous voulez-dire que ce ne sont que des perceptions psychologiques qui nous empêchent d’être heureux ? Pourtant le manque d’argent ou les possibilités de devoir faire face à des malheurs sont pourtant bien réels et ne sont pas que des inventions dans notre tête il me semble !

Le pêcheur : Oui effectivement. Toutes ces choses peuvent être bien réelles ou se produire dans un futur plus ou moins proche. Nous pouvons effectivement devoir y faire face. Les événements de la vie sont ce qu’ils sont. Ils se présentent à nous et nous affectent de façons variables selon la façon que nous les percevons. Face à un manque d’argent par exemple, certaines personnes vont se mettre en action pour trouver un travail ou réaliser des tâches leur permettant de faire un peu d’argent pour combler leurs besoins. D’autres vont être plutôt paralysées ou découragées par la situation et vont se mettre en mode attente de se faire prendre en charge. Face à la maladie, il en va de même. Certaines vont se laisser envahir en se disant qu’elles sont à la merci de cette affliction, alors que d’autres vont rechercher des moyens de pouvoir se guérir.

L’homme : Quoi penser alors des personnes qui n’ont aucune ressource pour combler ne serait-ce que leurs besoins primaires ?

Le pêcheur : Il est vrai que plusieurs ont que très peu de marge de manœuvre ou même pas du tout pour combler leurs besoins. Je me désole de ce que les êtres humains ont à endurer face à toutes les difficultés auxquelles ils doivent faire face. Je ne peux pas témoigner de la possibilité d’avoir accès au bonheur perpétuel dans ces situations pour ne les avoir pas vécus moi-même.

J’ai certes constaté le sourire d’enfants ou de personne très âgées d’une pureté indescriptible même vivant dans des situations d’extrêmes pauvreté. J’ai côtoyé aussi des personnes avec des handicaps ou des maladies graves témoigner de la beauté et de la grandeur de la vie. La sérénité, la luminosité et l’ampleur du vivant qui se dégageaient en leur présence avaient même un effet d’apaisement et de plénitude. Même dans ces conditions, j’ai pu ressentir la joie de vivre et l’intensité de la présence se manifester. Mais j’insiste à dire que ce ne sont que quelques exemples que j’ai rencontrés et ne reflète peut-être pas la réalité de tous et de toutes et des différentes situations qu'ils ou qu'elles ont à vivre. Ce qui ressort toutefois ici, c’est que même si une personne vit une situation difficile, elle peut toujours avoir accès à sa source de joie intérieure.

L’homme : Vous avez parlé de rester accroché à ce qui nous tourmente et à nos sentiments d’angoisse qui nous empêchent d’être heureux. Pouvez-vous me préciser votre pointe vue ?

Le pêcheur : La notion de bonheur est souvent confondue avec la réalité qui se présente dans notre vie. Nous ne voudrions pas devoir vivre des situations qui s’opposent à ce qu’on s’attend de la vie. Nous ne voulons pas souffrir, être pauvre, être malade, vieillir, perdre ce que l’on a. Ou à l’inverse, nous voulons acquérir des biens, faire des voyages, avoir de l’argent en quantité suffisante et même plus, être en bonne santé, etc. Si ces éléments sont absents de notre vie, nous associons ces réalités à l’absence de bonheur ou au malheur.

L’idée de bonheur est aussi associée la plupart du temps à ce que collectivement les autres définissent. Que ce soit les médias, les publicités ou les commerçants, plusieurs forces gravitent autour de la personne pour définir ce qu’elle doit avoir comme bien ou comme condition de vie pour se permettre d’avoir droit à ce qui est définit comme étant le bonheur.

Plusieurs de nos tourments intérieurs sont associés à cette crainte de ne pas avoir accès à ce qu’on s’attend du bonheur. Même quand nous avons tout ce qui correspond au bonheur, nous commençons à être malheureux, juste à l’idée qu’il est possible de perdre ces mêmes conditions du bonheur. À la place du bonheur réel émergent l’anxiété d’avoir plus ou l’angoisse de perdre ce que nous avons. Nous vivons ainsi notre vie dans une tension justement rattachée à ce que nous désirons obtenir, conserver et nous tendons par tous les moyens à nous accrocher au bonheur.

L’homme : Le bonheur serait-il alors une limitation, un piège qui nous enferme dans les mécanismes que vous venez de décrire ?

Le pêcheur : Il peut l’être en effet si nous le voyons comme je viens de le décrire. La vie est toujours en mouvement et tout peut se produire d’un instant à l’autre. Tout peut basculer d’une situation de confort à une autre totalement différente où la perte d’emploi, la faillite, la maladie, la perte de personnes importante ou tout autre événement ne peut plus cadrer dans cette idée de bonheur. Est-ce que la vie a pour autant diminuée en valeur ? Est-ce que ce nouveau contexte signifie que vous êtes dans le malheur et qu’il faille retourner le plus vite possible à l’état de bonheur, sinon votre vie n’a plus de sens ?

L’homme : Non, j’imagine que c’est seulement une autre réalité à laquelle nous devons faire face.

Le pêcheur : C’est très juste. Ce n’est pas parce que nous devons faire face à de nouvelles situations que nous devons pour autant déclarer forfait sur une quelconque notion de bonheur non comblé.

L’homme : Alors ma question de départ n’a plus vraiment sa raison d’être face à votre argumentation à savoir si nous pouvons vivre dans un état de bonheur perpétuel. Alors que c’est la notion même de bonheur qui fait problème.

Le pêcheur : La notion de bonheur peut toujours être utilisée, mais pas comme nous l’entendons généralement. Le bonheur ne peut pas être juste relié à des situations qui se manifestent dans notre vie ou à des possessions ou des objectifs qui doivent être remplis.

Lorsque je vous ai répondu à votre question par l’affirmative, c’est que j’ai associé à la notion de bonheur, l'importance d'y joindre la joie intérieure. Le bien-être intérieur et permanent que plusieurs recherchent dans leur quête du bonheur, c’est dans l’état de joie qu’ils peuvent le retrouver dans sa forme la plus intense et la plus durable.

L’homme : Qu’est-ce que la joie alors ?

Le pêcheur : À la différence du bonheur que l'on tente de définir avec des descriptions de ce qu’il doit contenir, la joie intérieure est plutôt de l’ordre du ressenti. La joie est un état de satisfaction, de plénitude et d’enthousiasme face à la vie, quel que soit ce qui s’y présente. Cet état de joie est un contact direct avec la satisfaction de sentir la vie qui coule en nous et d'être pleinement en vibration avec l'énergie de vie.  Cette présence au vivant créé un ressenti profond de joie et de plénitude dans une grande sérénité et un bien-être profond et durable. Il n'est pas question ici de joies spontanées plus ou moins intense, mais de joie permanente. Ces états de joie spontanée sont des échantillons ou des indices qui peuvent nous indiquer la possibilité de pouvoir toucher quelque chose de plus profond en nous, cet état de joie intérieur permanent créant le véritable bonheur.

Les faits de la vie ou les situations ne sont plus ce qui définissent le bonheur ou le bien-être intérieur. C’est l’attitude ou le positionnement de la personne dans son état de joie naturelle qui ouvre sur la possibilité de cet état de bien-être. Cet état peut devenir permanent dans la mesure où la personne mobilise cette attitude dans son quotidien. La joie intérieure qui créé cet état de bonheur est très nourrissante. Elle vivifie et fournit l’énergie nécessaire pour affronter les situations de la vie. Elle permet de sourire et de demeurer ouvert à tout ce qui se présente.

L’homme : Ce ne sont donc plus les faits qui définissent alors le bonheur des personnes ?

Le pêcheur : Exactement. La compréhension et l’acceptation que tout peut arriver dans notre vie ne limite plus à définir ce qui représente un état de bonheur ou de malheur. Les événements nécessitent tout de même que nous agissions pour leur faire face, quelles que soit les difficultés qu’ils exigent. Ils deviennent des défis et des expériences de la vie mais ne définissent plus notre état de bien-être intérieur, de joie et de bonheur. Ils sont des réalités de la vie qui se présentent à nous.

L’homme : Merci beaucoup. Vous m'avez répondu d'une façon très éclairante.


 
 
 

 

 

 

 

 

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