jeudi 11 mai 2017

L’immobilité de la conscience en présence



La conscience ne bouge jamais. Vous n’allez pas dans des lieux différents lorsque vous êtes dans la conscience en présence. Les endroits, les événements, les gens se présentent à votre état de conscience et à l’étendue de celle-ci. Cet étendu est ce que nous pourrions nommer le champ de la conscience. Vous êtes toujours là, sans bouger, ressentant la conscience en présence, mais en même temps, complètement ouvert à ce qui est et ce qui se manifeste.


Prenons l’exemple de conduire avec sa voiture sur une autoroute. Lorsque nous nous déplaçons en voiture, la conscience ne se déplace pas. Le corps est dans la voiture, le véhicule avance, mais les autres voitures à l’avant ou à l’arrière apparaissent à la conscience, les lignes pointillées et les paysages arrivent à mesure à la conscience. Autre exemple, j’ai eu l’expérience dans ma vie de visiter plusieurs pays et même si je me déplaçais physiquement, tous ces nouveaux environnements se présentaient à ma conscience.


Il est important ici de noter que vous n’êtes pas limité à la conscience. La conscience est un état que vous ressentez tout en étant témoin de cet état, pour dire simplement, vous savez que vous êtes dans l’état de conscience. Nous pourrions dire que vous percevez cette conscience et ressentez les effets lumineux de celle-ci. Ne recherchons pas une lumière physique comme une ampoule allumée lorsqu’il est question d’effets lumineux. Ce mot sert plutôt à exprimer qu’il y a une grande clarté du monde qui nous entoure et de celui à l'intérieur de nous.


C’est comme si vous étiez calme et regardiez une fleur. Tout d’abord, vous avez conscience des formes générales de celle-ci, mais plus vous vous ouvrez et plus votre attention s’amplifie, plus les formes et les odeurs de cette fleur s’intensifient, plus les détails apparaissent dans votre champ de conscience.


Faites une autre expérience par exemple, celle de goûter une gorgée de vin. Lisez tout d’abord l’étiquette sur la bouteille et imprégnez-vous des détails descriptifs de ce vin. Ensuite, prenez-en une gorgée mais sans l’avaler. Essayer de vous ouvrir avec attention sans effort à tous les détails que vous percevez de ce vin : goût boisé, fruité, présence d’alcool, différents parfums, textures de ce liquide. Avalez cette gorgée et soyez attentif aux vapeurs qui circulent au niveau de votre nez et les subtiles traces de saveur qui demeurent dans votre bouche. Ici, nul besoin pour cet exercice d’être un expert en vin. Je vous invite plutôt à devenir un expert de votre propre ressenti. Tous ces détails, il ne faut pas les analyser avec des mots ou les décrire avec votre réflexion. Soyez seulement attentif, présent à ce qui se manifeste dans cette simple action de boire une gorgée de vin. Si vous en venez à vous séparer de la tendance à réfléchir à ce qui se passe et plutôt faire place à ressentir, vous verrez que ce qui est ressenti passe par l’ouverture et est capté par la conscience en présence. Cette ouverture élargit notre présence à ce qui est, à ce qui se présente dans les formes les plus subtiles à notre conscience. Les quelques descriptions sur la bouteille qui vous ont aider tout d’abord à identifier certains éléments de ce vin, cèdent la place à la richesse indescriptible des détails vécus par le ressenti. C’est par la conscience que ces détails apparaissent et peuvent être ressentis en soi.


La conscience elle-même n’est pas mouvement, elle est totalement disponible à ce qui se présente. Ce qui est actif, c’est l’action de calmer notre cerveau et de diriger notre attention vers cette conscience et de se placer dans une position de conscience. Ce qui est actif aussi, c’est l’énergie vivante de la saisie que nous sommes dans cet état de conscience. Nous ressentons les reliefs les plus fins, les plus précis du vivant qui se manifestent et qui sont captés par cette conscience. Dans cet état de conscience, la vie manifestée et captée par ce champs élargi peut devenir aussi pur que le cristal ou le diamant. Dans l’exemple alchimique souvent cité de Midas découvrant comment changer tout en or, nous pouvons dire qu’avec cet état de conscience en présence, tout devient pur comme de l’or.


Ceci fait émerger des expériences que nous pourrions qualifier de sommets. Certaines personnes escaladent le Mont Everest ou effectuent des activités intenses pour vivre ces états prononcés d’attention et de ressentis conscients. Ces expériences sommets sont pourtant disponibles, là, maintenant, aussitôt que vous décidez de vous placer dans un état de conscience en présence à ce qui se manifeste. Ces intenses ressentis sont des moments forts de vie. Plus nous prenons des moments de conscience en présence, plus notre vie s’enrichie et prend de l’expansion.


Les exemples précédents portaient sur la dimension physique de notre corps. Pour ce qui est du monde psychologique ou mental, nous savons que nos pensées et nos idées se déplacent dans notre tête. Elles vont et viennent sous différentes formes imagées, se projettent dans le futur ou font des retours dans le passé ou même discute sur ce qui se passe maintenant. Il y a un mouvement continuel qui bouge sans cesse. Toutes ces idées et ces pensées se présentent également à notre conscience. Comme celle-ci est immobile, tous ces mouvements intérieurs se présentent dans le champ de la conscience. Elle constate ce va et vient de ces idées et pensées qui viennent et qui s’en vont.


Se placer dans un état de conscience en présence de ces manifestations mentales est un renversement très important. Plutôt que de regarder notre vie avec ces pensées qui vont et viennent, nous sommes présents à ces mouvements et sommes capables de distance avec ceux-ci. Nous commençons à nous séparer de ce avec quoi nous regardions notre existence, c’est-à-dire par nos pensées. Nous pensions notre vie avec les idées ou les constructions mentales sur celle-ci. Maintenant, en nous plaçant dans l’état de conscience en présence de ces idées ou constructions, nous les voyons apparaître à notre conscience en ouverture et sommes témoins de leurs manifestations. Nous ressentons que nous ne sommes pas ces idées ou pensées, nous retrouvons notre propre ressenti, nous constatons par ce champ de la conscience notre monde intérieur et toutes ces histoires fabriquées dans notre cerveau.


Quand nous ajoutons la présence à la conscience, nous faisons intervenir la dimension de l’attention active, mais sans effort. Notre conscience est ouverte à ce qui se présente et nous sommes attentifs à ces phénomènes qui se déploient dans celle-ci. L’action d’être présent à la conscience et aux phénomènes nous permet d’exister par notre présence à ce qui est et ce qui se manifeste. Nous sommes là, ici et maintenant. Nous marchons libre et ouvert et découvrons toute la richesse et les reliefs qui se présentent à notre conscience immobile et présente à tout ce qui se manifeste en cette vie.



 


 


 


 


 

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