La conscience ne bouge jamais.
Vous n’allez pas dans des lieux différents lorsque vous êtes dans la conscience
en présence. Les endroits, les événements, les gens se présentent à votre état
de conscience et à l’étendue de celle-ci. Cet étendu est ce que nous pourrions
nommer le champ de la conscience. Vous êtes toujours là, sans bouger,
ressentant la conscience en présence, mais en même temps, complètement ouvert à
ce qui est et ce qui se manifeste.
Prenons l’exemple de conduire avec
sa voiture sur une autoroute. Lorsque nous nous déplaçons en voiture, la
conscience ne se déplace pas. Le corps est dans la voiture, le véhicule avance,
mais les autres voitures à l’avant ou à l’arrière apparaissent à la conscience,
les lignes pointillées et les paysages arrivent à mesure à la conscience. Autre
exemple, j’ai eu l’expérience dans ma vie de visiter plusieurs pays et même si
je me déplaçais physiquement, tous ces nouveaux environnements se présentaient
à ma conscience.
Il est important ici de noter que
vous n’êtes pas limité à la conscience. La conscience est un état que vous
ressentez tout en étant témoin de cet état, pour dire simplement, vous savez
que vous êtes dans l’état de conscience. Nous pourrions dire que vous percevez
cette conscience et ressentez les effets lumineux de celle-ci. Ne recherchons
pas une lumière physique comme une ampoule allumée lorsqu’il est question d’effets
lumineux. Ce mot sert plutôt à exprimer qu’il y a une grande clarté du monde
qui nous entoure et de celui à l'intérieur de nous.
C’est comme si vous étiez calme
et regardiez une fleur. Tout d’abord, vous avez conscience des formes générales
de celle-ci, mais plus vous vous ouvrez et plus votre attention s’amplifie,
plus les formes et les odeurs de cette fleur s’intensifient, plus les détails
apparaissent dans votre champ de conscience.
Faites une autre expérience par
exemple, celle de goûter une gorgée de vin. Lisez tout d’abord l’étiquette sur
la bouteille et imprégnez-vous des détails descriptifs de ce vin. Ensuite, prenez-en
une gorgée mais sans l’avaler. Essayer de vous ouvrir avec attention sans
effort à tous les détails que vous percevez de ce vin : goût boisé,
fruité, présence d’alcool, différents parfums, textures de ce liquide. Avalez
cette gorgée et soyez attentif aux vapeurs qui circulent au niveau de votre nez
et les subtiles traces de saveur qui demeurent dans votre bouche. Ici, nul
besoin pour cet exercice d’être un expert en vin. Je vous invite plutôt à
devenir un expert de votre propre ressenti. Tous ces détails, il ne faut pas
les analyser avec des mots ou les décrire avec votre réflexion. Soyez seulement
attentif, présent à ce qui se manifeste dans cette simple action de boire une
gorgée de vin. Si vous en venez à vous séparer de la tendance à réfléchir à ce
qui se passe et plutôt faire place à ressentir, vous verrez que ce qui est
ressenti passe par l’ouverture et est capté par la conscience en présence.
Cette ouverture élargit notre présence à ce qui est, à ce qui se présente dans
les formes les plus subtiles à notre conscience. Les quelques descriptions sur
la bouteille qui vous ont aider tout d’abord à identifier certains éléments de
ce vin, cèdent la place à la richesse indescriptible des détails vécus par le
ressenti. C’est par la conscience que ces détails apparaissent et peuvent être
ressentis en soi.
La conscience elle-même n’est pas
mouvement, elle est totalement disponible à ce qui se présente. Ce qui est
actif, c’est l’action de calmer notre cerveau et de diriger notre attention
vers cette conscience et de se placer dans une position de conscience. Ce qui
est actif aussi, c’est l’énergie vivante de la saisie que nous sommes dans cet
état de conscience. Nous ressentons les reliefs les plus fins, les plus précis du
vivant qui se manifestent et qui sont captés par cette conscience. Dans cet
état de conscience, la vie manifestée et captée par ce champs élargi peut
devenir aussi pur que le cristal ou le diamant. Dans l’exemple alchimique souvent
cité de Midas découvrant comment changer tout en or, nous pouvons dire qu’avec
cet état de conscience en présence, tout devient pur comme de l’or.
Ceci fait émerger des expériences
que nous pourrions qualifier de sommets. Certaines personnes escaladent le Mont
Everest ou effectuent des activités intenses pour vivre ces états prononcés d’attention
et de ressentis conscients. Ces expériences sommets sont pourtant disponibles,
là, maintenant, aussitôt que vous décidez de vous placer dans un état de
conscience en présence à ce qui se manifeste. Ces intenses ressentis sont des
moments forts de vie. Plus nous prenons des moments de conscience en présence,
plus notre vie s’enrichie et prend de l’expansion.
Les exemples précédents portaient
sur la dimension physique de notre corps. Pour ce qui est du monde
psychologique ou mental, nous savons que nos pensées et nos idées se déplacent
dans notre tête. Elles vont et viennent sous différentes formes imagées, se
projettent dans le futur ou font des retours dans le passé ou même discute sur
ce qui se passe maintenant. Il y a un mouvement continuel qui bouge sans cesse.
Toutes ces idées et ces pensées se présentent également à notre conscience.
Comme celle-ci est immobile, tous ces mouvements intérieurs se présentent dans
le champ de la conscience. Elle constate ce va et vient de ces idées et pensées
qui viennent et qui s’en vont.
Se placer dans un état de
conscience en présence de ces manifestations mentales est un renversement très
important. Plutôt que de regarder notre vie avec ces pensées qui vont et
viennent, nous sommes présents à ces mouvements et sommes capables de distance
avec ceux-ci. Nous commençons à nous séparer de ce avec quoi nous regardions
notre existence, c’est-à-dire par nos pensées. Nous pensions notre vie avec les
idées ou les constructions mentales sur celle-ci. Maintenant, en nous plaçant
dans l’état de conscience en présence de ces idées ou constructions, nous les
voyons apparaître à notre conscience en ouverture et sommes témoins de leurs
manifestations. Nous ressentons que nous ne sommes pas ces idées ou pensées,
nous retrouvons notre propre ressenti, nous constatons par ce champ de la
conscience notre monde intérieur et toutes ces histoires fabriquées dans notre
cerveau.
Quand nous ajoutons la présence à
la conscience, nous faisons intervenir la dimension de l’attention active, mais
sans effort. Notre conscience est ouverte à ce qui se présente et nous sommes
attentifs à ces phénomènes qui se déploient dans celle-ci. L’action d’être
présent à la conscience et aux phénomènes nous permet d’exister par notre
présence à ce qui est et ce qui se manifeste. Nous sommes là, ici et
maintenant. Nous marchons libre et ouvert et découvrons toute la richesse et
les reliefs qui se présentent à notre conscience immobile et présente à tout ce
qui se manifeste en cette vie.
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