La
passant : C’est bien
beau tout ça, mais il est temps d’aller me dégourdir un peu les jambes.
En regardant sa tasse de thé, il s’aperçoit qu’il n’en
reste plus une seule goute. Il s’exclame :
La
passant : Eh bien,
qui aurait cru qu’un jour je boirais une tasse complète de thé à la camomille.
Ça ne me ressemble pas du tout. Surtout, n’en parlez à personne, on pourrait se
moquer de moi et j’ai en horreur d’être le dindon de la farce.
Le pêcheur répond :
Le
pêcheur : Je vous le
promets…j’aurais aimé vous offrir une bonne bière froide, mais c’est tout ce
que j’avais.
Le passant, se baissant la tête,
comme pour dissimuler son commentaire et ne pas être vu par personne, chuchote
à son vis-à-vis :
Le
passant : C’était
finalement très bon ce goût de fleur et ça m’a permis aussi de me détendre…je
ne dis pas que je ne renouvellerai pas l’expérience un autre jour.
Le
pêcheur : Vous êtes
toujours le bienvenu, de dire le pêcheur.
Avançant lentement sur la galerie
du pêcheur, le passant descend les deux premières marches de l’escalier et s’arrête
brusquement, il se tourne vers son hôte et lui demande une dernière question :
Le
passant : Hey…dites-moi une chose, êtes-vous toujours aussi enthousiaste.
Vous êtes souriant et passionné par tout ce qui vous entoure. Une simple fumée
d’un thé chaud vous suffit à vous procurer de la joie alors que ceci est banal
pour la majorité des gens. Il me semble
donc que je suis sombre à côté de vous. Ne trouvez-vous pas ?
Le
pêcheur : L’enthousiasme
est un mode de vie pour moi.
Le
passant : Oui
peut-être, mais il y a bien des problèmes auxquels vous avez eu ou vous avez
présentement. Ceci ne vous assombris pas la vie à certains moments ?
Le
pêcheur : Ce n’est
pas parce qu’il y a des nuages, que le soleil n’existe pas pour autant !
Le
passant : Oui
peut-être, mais il y en a qui sont plus épais que d’autres et certains qui
restent suspendus au-dessus de nos têtes des moments interminables. Et puis de
toute façon la vie n’est pas comme des nuages. Vous allez me servir qu’ils
passeront un jour. Mais pour plusieurs personnes leurs conditions de vie n’ont aucune
issue. Comment pourrait-on alors leur servir la comparaison des nuages et du
soleil ? Ça me parait invraisemblable.
Le
passant : Comment en
avez-vous fait votre mode de vie alors ? Est-ce que c’est parce que vous ne
voulez jamais regarder ce qui va mal. Donc, est-ce que c’est en vous bouchant
les yeux que vous réussissez à demeurer dans cet état d’enthousiasme ?
Le
pêcheur : Non…à ce
qu’il me semble, j’ai les yeux grands ouverts. De répondre le pêcheur en souriant.
Je crois que c’est parce que je regarde les événements de la vie pour ce qu’ils
sont. Sans leur surajouter une description de malheureux. J’ai réalisé que la
vie nous apporte de multiples événements qui sont rarement ceux que nous pensions.
Nous aimerions que la vie soit une vaste étendue d’eau calme sur laquelle il n’y
a jamais présence de bouraques de vents ou de vagues indomptables.
Le
passant : Ça serait
si plaisant de vivre comme ceci. Jamais de problème. Toujours à se la couler
douce sans perturbations ni douleurs !
Le
pêcheur : Peut-être,
mais ceci n’est pas la réalité. Ce n’est qu’une illusion de ce que devrait être
la vie, mais n’est pas la vie elle-même. Nous résistons beaucoup à ce qui est,
justement parce que nous comparons le vivant avec l’idée que nous en avons. C’est
cette résistance à ce qui est qui attire notre attention à plusieurs moments et
quelquefois en permanence sur ce qui nous perturbe. Le résultat étant de nous
assombrir la vie. Ce n’est pas vous qui êtes sombre, c’est la déception et la
non acceptation de ce qui est auquel vous vous accrochez qui vous maintient
dans ce mode de vie assombri.
Le
passant : Il est
vrai que lorsque je me compare à vous, ma vie n’est pas aussi passionnée. J’ai
souvent plusieurs pensées négatives qui m’obsèdent sur ma situation ou sur la
situation des autres personnes. Je ne trouve pas la force de m’enthousiasmer, c’est
plutôt la révolte et la colère qui font partie de mon quotidien. Je trouve que
la vie est injuste et qu’elle n’est vraiment pas réjouissante la plupart du
temps. Je retrouve cette lassitude et le manque d’enthousiasme sur plusieurs
visages également. On dirait que la vie a perdue de sa saveur et de cette
passion que vous parliez concernant le réanchantement.
Le
pêcheur : L’enthousiasme
se cultive et se récolte une graine à la fois. Vous pouvez planter une graine
par mois, une par semaine, une par jour. Arroser le tout avec l’eau de votre
attention et de votre détermination. Vous serez surpris de constater comment la
vie se chargera de donner force aux racines sur lesquelles une multitude d’arbres gorgés de fruits
s’érigeront pour former le vergé de l’enthousiasme de votre vie.
Le
passant : Le
problème c’est que je ne trouve pas les graines de l’enthousiasme. En avez-vous
en réserve ?
Je me souviens que papa disait: "Quand tu entres dans la matière, tu fais danser la vie"
RépondreEffacerMerci Louis pour ce beau moment de réflexion
Plein de bisous