vendredi 24 février 2017

Qu’est-ce que l’état de vitalité

L’homme retourna voir le pêcheur pour lui faire part de son exercice soutenu de concentration sur ses activités quotidiennes et en profita pour l’interroger sur la vitalité.

L’homme : L’autre jour, j’étais perturbé par la lassitude, un manque de sens et l’impression de refaire constamment les mêmes choses tous les jours. Suite à notre discussion, j’ai pratiqué à faire porter mon attention de manière un peu plus soutenue sur mes actions. J’ai effectivement découvert qu’elles sont beaucoup plus complexes et nuancées qu’elles me semblaient. Je vous accorde que de voir les choses ainsi, enrichie effectivement mon quotidien et j’ai repris le goût de m’investir dans mes activités.

Je me suis toutefois beaucoup interrogé sur les pertes d’énergie ou de vitalité auxquelles nous avons à faire face à certains moments. Celles-ci me semblent mettre en danger notre manière de voir notre vie et d’y trouver un sens. J’aimerais vous entendre sur ces pertes d’énergie ou de vitalité, est-ce possible?

Le pêcheur : Bien sûr. Cependant je vais aborder les choses différemment. Je vais te répondre en me concentrant sur la vitalité elle-même. Est-ce que tu me le permets?

L’homme : C’est certain. Je suis d’ailleurs bien curieux de voir comment vous allez m’en parler. Je vous écoute!

Le pêcheur : La vitalité est un état qui passe souvent inaperçu. Nous sommes portés à percevoir davantage un état de perte de vitalité ou une perte d’énergie. Celle-ci sera comblée par un moment de repos, un arrêt de travail ou d’activité ou en mangeant des aliments qui nous fournissent l’énergie nécessaire. Pour certaines personnes ces états sont beaucoup plus sérieux et peuvent même entraîner le recours à des aides psychologiques et médicaux.

Il est curieux de constater cependant que nous portons plus facilement notre attention sur quelque chose qui nous manque plutôt que sur ce qui est présent en nous. La perte de vitalité étant ce qui nous manque et la vitalité étant ce que nous avons. Je crois donc que notre état de vitalité gagne à être mieux connu ou à être mieux ressenti.

L’homme : Que voulez-vous dire par ressentir l’état de vitalité ?

Le pêcheur : La vitalité c’est l’état de ressentir dans chacune des cellules de notre corps l’énergie du vivant en nous. Cette perception ne se saisit pas par une interprétation mentale et même pas par les sens. Elle ne se ressent pas non plus par les parties du corps. Elle se ressent en nous alignant et en nous concentrant sur l’énergie qui vibre en nous avec une intensité variable.

Notre centre énergétique se situe au niveau du cœur. Il ne faut pas le chercher dans un seul point physique. C’est comme un halo vibratoire passant à travers notre centre corporel. Il est possible de faire varier l’intensité et l’expansion de ce halo énergétique pour qu’il illumine l’intérieur et toutes les parties de notre corps et tout autour de lui. Cette vibration énergétique et lumineuse est perçue par la concentration ouverte et active et dans une présence attentive à cette énergie vivante.

L’homme : Mais à quoi sert-il donc de se concentrer sur ce halo d’énergie ou de vitalité ?

Le pêcheur : Ceci sert à ressentir le vivant en nous autrement que dans notre tête. Ceci nous permet de vivre avec toute notre intensité d’énergie de vie. Cette attention nous permet aussi de nous recentrer quand l’ensemble de nos problèmes ou de ceux des autres personnes nous assaillent. Nous pouvons ainsi neutraliser et même éliminer les tensions qui se sont cristallisées dans les parties de notre corps. Plutôt que d’être aspirés et vidés par les préoccupations, donc souffrir de pertes énergétiques, nous vibrons de façon intense malgré les circonstances de la vie.

Notre attention n’est plus focalisée sur les pensées, émotions, sentiments et leurs réactions physiques, mais plutôt dans le centre d’énergie vivante.

L’homme : Il m'apparaît difficile d’accéder à ce centre énergétique. Il me semble que lorsque j’ai des problèmes, ils occupent toute ma tête et tout mon univers. C’est comme si ceux-ci tournaient le robinet de mon énergie et de ma vitalité et le laissaient ouvert de manière à me vider complètement.

Le pêcheur : Et bien justement. Quand les pensées sombres portant sur notre situation se manifestent dans notre tête, nous avons tendance à les regarder et à leur donner toute l’importance. C’est comme si nous les laissions prendre les rennes de notre vie. Il faut à ce moment trouver une autre voie. Une des façons d’y accéder, c’est de se ramener à sa respiration, qui elle-même passe par le centre physique. De cette manière, en portant attention à l’air qui entre et qui ressort de notre corps, nous diminuons du même coup l’intensité accordée à ce qui se manifeste dans notre tête. Nous augmentons ainsi la présence à notre centre d’énergie, le ressentons d’abord subtilement et par la suite plus clairement et finalement, intensément. Plus nous y sommes présents, plus son intensité s’élargit à tout notre corps. C’est si simple, mais nous sommes tellement conditionnés à utiliser notre tête pour tout ce qui nous concerne, que nous oublions ce qui est le plus naturel du monde la respiration et la concentration active et ouverte sur celle-ci.

L’homme : Est-ce que cette vitalité ou intensité d’énergie de vie se communique entre les personnes pour s’intervitaliser si on peut dire?

Le pêcheur : Oui. Mais encore faut-il que des ouvertures se créent et qu’elles permettent à cette lumière de vie d’entrer à l’intérieur de l’autre ou à s’échanger entre les personnes. Les états mentaux et la personnalité peuvent créer des blocages ou limiter les échanges énergétiques et l’interluminosité, pour le dire ainsi.

Cette ouverture n’est cependant pas toujours consciente. Même si l’autre n’est pas disposé à saisir l’intensité de nos vibrations, il est possible qu’il ait inconsciemment vibré à la présence de quelque chose. En fait c’est notre propre énergie qui vibre en relation avec l’énergie de la personne devant nous. C’est sa propre vitalité qui reconnaît notre vitalité. Nous avons souvent une expression qui dit : je ne sais pas ce qui se passe, mais en présence de cette personne je me sens énergisé, plus vivant, alors qu’avec certaines autres, je me sens vidé.

L’homme : C’est tout simplement fascinant toute cette dimension de l’énergie vivante! Je ne m’y étais jamais arrêté. J’ai l’impression de découvrir tout un autre monde dans lequel je suis. Formidable, ce fut pour moi une rencontre des plus passionnantes. Je vous en remercie.

La gratitude du vivant et la misère humaine



Alors que le pêcheur se repose d’une longue marche sur un banc de parc, un passant vient pour s’asseoir à ses côtés, mais reste debout quelques instants en fixant une statue chinoise d’un bouddha rieur. Comme pour tenter de créer la conversation, il s’exclame à haute voix avec assurance :

Le passant: Comment peut-il rire de la sorte alors qu’il y a tant de calamité dans le monde, tant de maladies, tant de tristesse et d’amertume en cette vie. Ha! ces Chinois, ils croient à bien des idioties de la sorte. En plus, il a l’air d’avoir de l’argent plein les mains et une foule de riches objets dans son sac à dos. Il peut bien rire, il a tout ce qu’il lui faut. Il ne lui manque que de bons souliers pour ne pas s’écorcher les pieds.

Alors qu’il prend place au côté de l’homme sur le banc, le passant jette un œil amusé à l’autre et lui demande:

Le passant: Savez-vous ce que représente cette statue monsieur ?

Après quelques secondes de réflexion, le pêcheur répond :

Le pêcheur: ce que j’en connais vaguement, c’est qu’elle représente un moine de la Chine ancienne… qui propageait la bienveillance, le bonheur et la plénitude d’un grand cœur. J’ai entendu dire qu’il se promenait et accueillait la tristesse des personnes de ce monde. Je crois que cette statue a été fabriquée et installée à de multiples endroits, car elle permettait aux gens d’inspirer leur vie par les symboles qu’elle représente : la santé, le bonheur, la prospérité et la longévité. Même aujourd’hui, plusieurs placent cette statue ou de petites statuettes dans leur demeure ou à l’extérieur de celles-ci pour favoriser la circulation des bonnes énergies.

Et le passant de répliquer :

Le passant: Et vous, qu’en pensez-vous de toute cette mascarade de joie et du bonheur de cette statue ?

Le pêcheur répond ainsi :

Le pêcheur: je crois que les êtres humains ont certaines croyances auxquelles ils se réfèrent pour égailler leur vie. Afin de la rendre moins terne, ils tentent de remplacer cette perception par des symboles qui leur rappelle l’espoir, la joie et le bonheur possible.

La réaction du passant ne se fait pas attendre :

Le passant: c’est bien beau tout ça, mais ce n’est pas tout le monde qui a le luxe de s’offrir de la joie et du bonheur. Beaucoup vivent dans la souffrance de la guerre ou dans l’inquiétude à savoir s’ils vont être en mesure de manger aujourd’hui et demain. Ça me semble une vision à courte vue de ce que représente la vie de millions, voire de milliards de personnes. Ne me faites pas croire que vous êtes en accord avec tout cela!

En approuvant de la tête aux paroles de son interlocuteur, le pêcheur prend une pause et ajoute :

Le pêcheur: vous avez bien raison, monsieur, beaucoup de personnes vivent des situations misérables que nous ne pouvons même pas imaginer, car nous ne les vivons pas nous-mêmes. Nous pouvons saisir cependant certains indices nous indiquant que la vie est loin d’être drôle pour plusieurs et qu’elle s’avère souvent très difficile.

Je crois que votre point de vue sur les difficultés des gens est très important. Je suis convaincu que nous devons régulièrement porter une attention dans notre cœur à la souffrance des autres. La compassion envers notre prochain devrait personnellement et collectivement nous amener à faire des actions qui visent à soulager leur fardeau.

Le passant: Vous voyez, j’avais bien raison de voir cette statue comme de la foutaise!

Alors que le passant s’apprête à se relever pour s’en retourner chez lui d’un air taciturne, le pêcheur lui demande s’il peut rester encore quelques minutes pour lui permettre de compléter sa réflexion.

L’homme acquiesce et se rassoit.

Le pêcheur continue donc de parler :

Le pêcheur: Bien que je vous accorde raison sur ce que vous m’avez mentionné au sujet de la souffrance des gens, lorsque je regarde cette statue, il me vient aussi une autre impression. Vous savez, cette richesse suggérée par l’argent ou la poche que porte le moine peuvent être vues autrement également. Je n’y vois pas juste une richesse physique des biens de ce monde, mais la richesse de la vie elle-même. Quand vous respirer l’air dans vos poumons, que vous regarder les beautés de la nature, le sourire des gens ou le soleil et les étoiles briller, ceci représente de grandes richesses qui meublent la vie. Ce moine semble dire, regardes tout ce que tu as et souris à la vie, rempli ton cœur de joie et de gratitude pour tout ce qu’elle t’offre.

Constater la misère et les difficultés de la vie ne sont pas opposées à prendre conscience des grandeurs du vivant. Remplir son cœur de cette joie de vivre la vie et le bonheur de s’ouvrir à sa richesse nous permettent d’avoir accès à une grande énergie. Ceci devrait nous permettre d’y voir aussi un peu de lumière. Ce sourire à la vie devrait nous rendre du coup sensibles à toute sa richesse et aussi à toute sa fragilité.

La joie et le bonheur ne devraient pas être des écrans opaques à la souffrance. Nous devrions nous accorder l'ouverture de célébrer la vie. Nous permettre de prendre contact soi-même et en sensibilisant les autres à l’importance de s'ouvrir à une grande attention bienveillante et de lui porter secours lorsque nécessaire. Pour moi, la gratitude envers la vie et la sensibilité à ses besoins sont deux faces d’une même médaille et devraient faire partie de notre quotidien.

Dans un élan pour réagir à ce que le pêcheur vient de lui dire, le passant retient ses paroles et se calme aussitôt. Après quelques instants, les yeux pleins d’eau, il dit à voix basse :

Le passant: Vous savez, toute cette misère dans le monde et autour de moi m’affecte grandement. Je pense à ceci tous les jours et me sens impuissant. J’aimerais tant qu’on y remédie et que tous et toutes puissent avoir accès à cette joie et ce bonheur. C’est pour cela que je m’en suis pris à cette statue. C’est comme si elle me rappelait encore une fois que nous ne sommes pas assez attentifs à cette souffrance. J’y voyais seulement un désir égoïste de chaque personne se retournant sur sa joie et son propre bonheur. J’apprécie beaucoup que vous m’ayez fait part de votre perception. Je vais réfléchir à tout ceci. Merci!

En serrant la main du pêcheur, le passant lui jette un subtil sourire, se lève et poursuit sa route.




samedi 18 février 2017

La présence de ceux et celles qui nous quittent

 
Regardant les remous sur les flots, le pêcheur se mit à être attentif aux pensées de nostalgie qui se mirent doucement à se manifester en lui. Il se vit, petit enfant, la tête penchée, regardant un papillon reposant sur une fleur de chrysanthème. Il avait  interrogé son père sur les raisons des couleurs et des formes qu’il voyait sur les ailes de ce petit être fragile. Son paternel lui avait expliqué que cette beauté avait été créée par la pointe du pinceau de la Vie et dessinée par l’Être suprême. Son père lui avait relevé le menton tendrement et lui avait dit qu’il en était ainsi des milliards de couleurs et de formes dans les champs et les forêts des alentours. Quel beau moment se dit-il, une larme perlant sur sa joue. Il se souvient qu’ensuite, il était allé expliquer à sa mère ce qu’il venait d’apprendre. Celle-ci lui avait esquissé un tendre sourire et, en regardant son époux les rejoindre, elle se précipita pour les serrer tous deux dans ses bras.

À ce doux souvenir, le pêcheur fut ramené dans sa mémoire à la brusque réalité, quand un an plus tard, son oncle était venu le rencontré dans l’arrière-cour de la maison. Il avait appris au jeune garçon que ses parents ne reviendraient plus, car ils avaient perdu la vie dans un accident de voiture. En réaction à ce choc, il avait simplement répondu à son oncle que ses parents pourraient maintenant regarder peindre le Tout Puissant.

Sortant à peine de ces souvenirs et de ces émotions, le pêcheur constata que ses parents lui manquaient beaucoup. Il se mit à se questionner sur l’endroit où ils pouvaient bien être.

Est-ce qu’ils sont dans un paradis, un endroit lumineux où il fait bon de vivre ? Est-ce qu’ils me voient et m’entendent ? Est-ce que je les retrouverai un jour quand viendra le temps de quitter ce monde ? Hélas, je n’ai pas de réponse à toutes ces questions. Il y a bien plusieurs personnes qui partagent des croyances sur la vie après la vie et l’au-delà. Mais je n’ai jamais eu de preuve moi-même sur ce qui nous attend après la vie.

Comment faire alors pour vivre sans être constamment triste de ne plus voir ou toucher ceux et celles que nous avons tant aimés ?

En se ramenant calmement à sa respiration, il plongea en lui-même. Les pensées et les émotions firent place à la paix intérieure. Il se replaça au cœur de son ressenti et fut témoin des mêmes vibrations de présence que lorsqu’il était avec ses parents. Il constata que leur présence était bien vivante dans toutes les cellules de son corps. Il constata :

Je les porte donc en moi! Ils sont bel et bien vivants puisque je peux ressentir leurs vibrations et leur amour. Pendant toutes ces années, j’ai pourtant cru à tort que j’étais seul, orphelin, couper de leur présence. Père et mère, je vous aime! Dorénavant vous serez toujours là à faire partie de mon existence vivante.
 
 
 
 


 

Chaque journée est une nouvelle naissance


Et l’homme vient s’assoir sur une roche, face à la mer, près du pêcheur. Après un long moment de silence, il laisse entendre une expiration de lassitude.

Le pêcheur : Est-ce que quelque chose ne va pas ?

L’homme ne répond pas. Son regard se perd au loin, mais son attention semble être attirée par les mouvements dans sa tête. Et puis il dit :

J’ai l’impression que ma vie fait du sur place, que chaque jour est pareil à celui qui le précède. La routine m’assaille et je ne vois pas comment tout ça vaut la peine d’être vécu. J’ai le mal à l’âme !

Le pêcheur : Qu’est-ce qui te fait dire que chaque jour est pareil à l’autre ?

L’homme : Lorsque j’ouvre les yeux, je me lève, vais me brosser les dents, prends ma douche, déjeune, me rends au travail, passe ma journée à bosser, reviens pour faire le souper et mange, m’occupe des devoirs des enfants, prends quelques minutes pour écouter la télévision et finalement, je vais me coucher. Je fais tout ceci de la même manière tous les jours.

J’ai le sentiment que je suis dans une roue de hamster qui tourne constamment et qui ne va nulle part. Je débarque de cette roue quelques fois la fin de semaine ou dans les temps de vacances, mais embarque à nouveau aussitôt que la routine revient. Je crois que ma vie ne va nulle part.

Le pêcheur : Veux-tu qu’on regarde ta situation de plus près ensemble ?

L’homme : J’ai fait le tour… mais si tu penses que nous pouvons trouver une solution pour me sortir de ce bourbier, je suis bien ouvert à en discuter.

Le pêcheur : Prenons un exemple très simple que tu as mentionné. Lorsque tu te brosses les dents, est-ce que c’est toujours la même quantité de dentifrice que tu mets sur ta brosse à dents ? Est-ce que ce sont toujours les mêmes pensées que tu vois passer en toi à ce moment précis ? Est-ce que tu prends conscience des mouvements de cette brosse dans ta bouche, de la saveur de la pâte dentifrice, de ressentir l’effet de fraîcheur qui résulte d’un bon brossage ? Prends-tu attention à tous les mouvements qui sont nécessaires pour effectuer cette simple tâche ? Il en va de même de toutes les autres tâches qui meublent ta journée.

L’homme : Bien, c’est sûr que non. Je n’ai pas de temps à perdre, car je dois me rendre au travail et puis faire toutes les autres tâches de cette vie de routine.

Le pêcheur : Je t’invite à regarder tout ceci d’un autre angle. Je ne te dis pas de prendre plus de temps pour réaliser cette tâche. Ce que je veux te faire voir c’est plutôt de prendre une plus grande attention à ce que tu fais. En fait, cette tâche va prendre exactement le même temps. C’est à la profondeur de la conscience de cette action comme de toutes les autres que je te convie. À une pleine présence de ce qui se manifeste.

L’homme : Tu crois que si j’apporte une plus grande conscience à ce que je fais, ceci va me donner plus de joie de vivre, plus de raisons de faire toutes ces actions. Même si elles m’apparaissent se répéter.

Le pêcheur : Aucune action n’est jamais exactement la même. Une multitude de nuances accompagnent chacune de celles-ci. Si elles nous apparaissent semblables ou pareilles, c’est que nous les interprétons en catégories d’actes, nous les résumons avec notre pensée en disant qu’elles ne varient pas. C’est une simplification illusoire de notre vie.

Chaque acte, chaque pensée, chaque émotion, chaque sentiment ne sont jamais exactement les mêmes. C’est lorsque nous nous plaçons dans une pleine attention que nous en découvrons toute la richesse. Regarde un chat jouer avec une balle. Il ne dit pas : ah, c’est toujours la même routine de jouer avec cette balle! Il est pleinement dans l’acte qu’il effectue. Regarde un bébé découvrir les mouvements d’un mobile tournant au-dessus de son lit, n’est-il pas pleinement attentif et en découverte de cet objet. Il n’a pas résumé sa vie en disant, le mobile tourne toujours de la même façon, ma vie n’a aucun sens.

L’homme : Ça m’apparaît une explication assez simpliste.

Le pêcheur : C’est peut-être assez simpliste comme tu le dis. Ce qui m’apparaît simpliste pour ma part, c’est de voir les actes de notre vie comme de simples répétitions sans saveur. Je crois que l’intensité de la vie n’est pas à découvrir par les résumés que nous en faisons. Je crois plutôt qu’elle se manifeste par la redécouverte à tous les jours de tous les gestes que nous réalisons grâce à une plus grande attention envers ceux-ci.

Si tu veux, je te suggère d’essayer pour le prochain jour ou la prochaine semaine de porter une plus grande attention à tout ce que tu fais. À faire comme si chaque journée était une nouvelle naissance et comme lorsque tu étais jeune, redécouvrir ce qui meuble ton quotidien. Peut-être prendras-tu acte de toute la vitalité qui s’en dégage. 

L’homme : Je ne perds rien à essayer! Au point où j’en suis! Merci tout de même!

Et l’homme s’en retourne chez lui, sans être très convaincu, mais quelque peu curieux de ce qui peut bien en ressortir.

L’état d’émerveillement

L’homme : Je vous ai entendu parler de merveilleux à quelques reprises. Pouvez-vous m’en dire plus sur ce que vous entendez par émerv...